Suite à l'installation du journaliste et également réalisateur Salim Aggar, un collectif d'une centaine de professionnels du métier du cinéma et d'artistes a lancé hier une pétition sur le net pour l'"annulation" de cette décision. Mercredi 12 décembre, le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi a installé le journaliste et réalisateur Salim Aggar à la tête de la Cinémathèque algérienne. Selon l'APS, le ministre avait indiqué que son "choix sur la personne de Salim Aggar n'est pas fortuit, vu qu'il est l'un des acteurs éminents sur la scène cinématographique ayant apporté beaucoup et consenti des efforts en matière de préservation de la mémoire algérienne, compte tenu de ses compétences et de son expérience dans le domaine du cinéma". Mais cette nouvelle n'a pas fait l'unanimité au sein du secteur cinématographique DZ. Suite à cette décision, un collectif de plusieurs professionnels du métier du cinéma mais aussi d'artistes, "tous indignés par cette nomination et inquiets pour le devenir de la Cinémathèque algérienne", a lancé une pétition adressée au ministère de la culture sur le site Change.org. Cette "démarche citoyenne collective", intitulée "Cinémathèque algérienne en danger : non à la nomination de Salim Aggar", compte pas moins de 119 signataires des professionnels du cinéma, artistes, journalistes, photographes, écrivains…Dans le texte publié, il est indiqué que "cette nomination, aussi contestable soit-elle, aurait pu ne susciter aucune réaction de notre part, au mieux un mouvement d'épaules désabusé pour exprimer un ultime abattement devant cette obscure coutume de désignation des hauts responsables de l'Etat, une tendance lourde à chercher le mieux dans ce qu'il y a de pire". Et au collectif de poursuivre : "Nous aurions pu faire silence et accepter comme une nouvelle fatalité encore l'inacceptable. Mais nous ne sommes pas dans ce cas de figure. La cinémathèque est un enjeu trop sensible. C'est l'arrière-cour du cinéma, une citadelle imprenable, celle où toutes les créations trouvent refuge, loin de la censure, de la propagande et du propos convenu. Un musée de l'expression libre, une agora de la réflexion, un musée du patrimoine filmique dans sa totale diversité." À ce propos, ils ont expliqué qu'"il n'y aucun préjugé de notre part. Il y a des faits. Cet homme est en conflit ouvert avec une partie importante de la profession (…) Il a fait de son métier de ‘critique' une couverture pour mener des campagnes de lynchage violentes et réactionnaires contre des cinéastes. Il a fait de la diffamation et de la calomnie son sacerdoce. Il a piétiné l'éthique et la déontologie pour faire de la délation infamante son seul ‘savoir-faire'". Tout en insistant : "Membre d'une mystérieuse commission de visionnage, et sans pouvoir particulier, il a fièrement censuré des films et il assume ces actes de censeur en tant que tels, il les revendique comme acte d'héroïsme patriotique." Pour ces hommes et ces femmes, dans ce texte, est-il précisé qu'en tant que "professionnels, amateurs et amoureux du cinéma, refusons cette nomination. Elle est un acte de provocation. Une ultime insulte à l'intelligence du cinéma. Nous la dénonçons avec colère et inquiétude". Et de conclure cette pétition en martelant : "Nous refusons que la cinémathèque devienne le nouveau QG de la ‘chasse aux sorcières', tel que le promet assez souvent Salim Aggar dans ses différentes interventions. Le cinéma algérien a besoin plus que jamais d'un peu plus de lumière. La cinémathèque a besoin d'une énergie nouvelle qui rassemble les divergences, les propos, les audaces, les différences, les singularités, les talents impétueux…" H. M.