Le plus ancien système d'écriture qu'est le latin dont le parler a disparu serait, selon une étude récente, d'origine berbère. L'histoire de l'écriture n'a pas encore livré tous ses secrets. Les historiens et linguistes continuent de creuser dans l'histoire ancienne pour pouvoir expliquer scientifiquement d'où proviennent tous ses divers caractères qui véhiculent de nos jours le savoir et la technologie. Le plus ancien système d'écriture qu'est le latin dont le parler a disparu, malheureusement, serait, selon une étude récente, d'origine berbère. L'étude en question est publiée sous forme d'ouvrage signé par Mme Mebarek Slaouti Taklit, sous le titre L'alphabet latin serait-il d'origine berbère ? édité aux éditions L'Harmattan. Mme Mebarek Slaouti Taklit est enseignante de linguistique au département de français de l'université d'Alger. Elle s'intéresse, depuis plusieurs années, aux écritures méditerranéennes antiques et plus particulièrement à l'écriture berbère ancienne de l'Afrique du Nord, le libyque en l'occurrence. À travers cette brillante étude linguistique, l'auteur voulait montrer la relation qui existe entre l'alphabet latin et l'alphabet berbère. D'après l'auteur, “la théorie selon laquelle les caractères scripturaux gréco-romains viennent exclusivement des signes d'écriture phénicienne lesquels dérivent des hiéroglyphes égyptiens semble une vérité aux remparts inexpugnables”. Partant du fait que “l'écriture n'a pu naître que dans des zones aux civilisations grandioses en l'occurrence, l'Egypte et le Proche et Moyen-Orient”, Mme Mebarek explique que “ces grandioses civilisations devaient leur grandeur à des populations venues d'ailleurs — Afrique et Méditerranée occidentale — depuis des millénaires”. “Les signes géométriques, explique-t-elle, formant l'alphabet latin et entrant dans l'alphabet phénicien n'apparaîtront en Orient qu'à la suite d'invasions massives déferlant de l'Ouest méditerranéen.” C'est à la suite de “cette submersion que se créeront les alphabets phonétiques en Phénicie”, note l'auteur. Elle se pose alors la question : “Peut-on considérer alors les signes des poteries berbères les plus anciennes, des gravures et peintures rupestres de l'Atlas, du Tassili, des mégalithes africains et européens comme de simples graffiti sans importance ou formaient-ils déjà des lignes d'écriture dédaignées car ignorées ?” Voulant contredire les théories sur l'évolution de l'écriture qui évacuent un peu trop rapidement le libyque, et le font dériver du phénicien, Mme Mebarek dira à cet effet : “Il est temps d'intégrer le libyque dans l'évolution de l'écriture afin qu'une rigueur scientifique de tous les signes géométriques de la Méditerranée antique permette enfin une meilleure analyse et, qui sait, peut-être un déchiffrement des écritures restées jusque-là muettes.” L'ouvrage de Mme Mebarek Slaouti Taklit est divisé en trois parties : la première partie est consacrée aux écritures antiques méditerranéennes, la deuxième, à l'analyse des signes graphiques méditerranéens et à la comparaison de ces signes, et la troisième, aux origines réelles des lettres latines. M. SI BELKACEM L'alphabet latin serait-il d'origine berbère ? de Mebarek Slaouti Taklit, éditions L'Harmattan -2004. 350 pages.