Un livre qui ne se lit pas comme un roman, avec ou sans linéarité, mais comme un ouvrage de référence pour quiconque a besoin de vérifier l'origine arabe des termes grecs latins. On imagine le travail colossal que cet ouvrage a demandé pour avoir les milliers d'informateurs dont il est porteur. Pour cette œuvre de longue haleine, il a fallu s'armer de patience, de connaissances et de documents historiques souvent contradictoires que l'auteur a dû compulser en vue d'une investigation fructueuse sur l'origine des toponymes, anthroponymes, patronymes, noms communs usuels. Etudier toutes ces appellations à connotation historique revient à remonter dans le temps pour retrouver les vestiges anciens, les guerres de conquête et les mouvements de populations datant de plusieurs millénaires avant l'ère chrétienne. A l'origine, y avait-il un seul peuple parlant la même langue ? A des époques déterminées de l'histoire, Balyloniens, Assyriens, Chaldéens, Amoréens, Araméens, Phéniciens, Hébreux, Arabes, Ethiopiens, peuples les plus anciens formaient à l'origine un seul peuple, selon Benatra dans sa réponse à l'intervieweur du quotidien El Watan. Ce qui signifie que l'apparition des ethnies a été lente et multimillénaire. Dans les pays situés dans le Vieux Continent , on parlait des langues aujourd'hui disparues, mais qui ont donné naissance à d'autres langues. Ce fut le cas d'une variante du sémitique parlée en Afrique du Nord par les Perses et Ibères émigrés. Dans la même Perse, nous retrouvons des populations telles que les Guti, Elamites, Kassites. En Arabie du Sud et dans le Caucase, on parlait la même langue. Les mêmes langues arabiques étaient parlées par les Cappadoniens ainsi que les Tibarenes d'origine syro-phénicienne. Les langue du Caucase avaient des affinités avec le basque, l'arménien, celles de la Georgie, de l'Azarbaïdjan de l'Iran, le berbère. Les langues indo-européennes ainsi que les langues hamito-sémitiques apparues 3 000 ans avant J-C ont servi de supports à une diversité de civilisations et de littératures. Toponymes et noms usuels anciens d'origine phénicienne, ibéro berbérique, liby-phéniciens. L'auteur est allé loin dans l'origine des langues pour retrouver le védique, le rig véda sur lequel s'est construit le sanskrit, ancêtre d'un grand nombre de langues dont les indo-européennes. Cette étude a permis de déterminer l'étymologie arabe de nombreux mots du rig veda avec ces deux exemples à l'appui : montra, brahinan, et agni provenant du berbère à l'exemple du nom proprei himalaya. Les caravanes assurant le transport des marchandises de l'Indus à la Méditerranée ont sur la plan linguistique joué un rôle important. Des civilisations ont ainsi parcouru de grands espaces. Les Proto-Indiens partis de Syrie en de Mésopotamie sont partis pour l'Inde et ont introduit la civilisation babylonnienne marquée par l'invention de la construction en briques. L'écriture du sanskrit fut d'abord le brahmi, dérivé du phénicien rapporté en Inde à partir de la mésopotamie (9e siècle avant J-C), cinq siècles plus tard, le même sanskrit fut écrit en khoroshti dérivé de l'écriture araméenne adoptée par un descendant du vieux perse, la langue pehlevie. A titre d'illustration, nous devons rappeler conformément au contenu du livre de Benatia Abderrahmane, que si les Grecs, choisis à titre d'exemple, se sont inspirés du phénicien pour former leurs signes d'écriture, il est certain que des mots de vocabulaire soient passés de la langue phénicienne, qui a fait la synthèse des langues orientales, vers le grec. L'alphabet phénicien s'écrit de droite à gauche comme l'arabe, dit Benatia, lorsque ce dernier fut introduit en Grèce, il avait été adopté tel que. Par la suite après des siècles d'utilisation, les auteurs d'épigraphes et les littératures ont imaginé un mode d'écriture et de lecture de gauche à droite (voir détail en pages 95 à 96 du livre). La prononciation des mots anciens ayant appartenu au vocabulaire du sanskrit apparaît sous différentes formes phoniques et graphiques dans diverses variantes des langues d'aujourd'hui. Benatia a donné une variété d'exemple très intéressant pour quiconque cherche à connaître l'origine arabe des mots. Par exemple «charaxos de lesbos» viendrait de khirq en arabe, dérivé de khariq interdit de honte ou de akhraq. Dr Benatia Abderrahmane, Histoire de la colonisation arabique dans la Grèce antique, Ed Houma, 511 pages, 2004.