Plusieurs observateurs avaient déjà critiqué le bilan fourni par l'ONU et qui est toujours établi à 10 000 morts, en majorité des civils. Plus de 60 000 personnes ont été tuées dans le conflit au Yémen, depuis 2013, a affirmé l'ONG basée aux Etats-Unis, Bringing clarity to crisis (Projet de données sur les conflits armées – Acled). "Selon les données recueillies et analysées par l'Acled, les décès signalés depuis le début de 2016 sont plus de six fois plus élevés que le chiffre de 10 000 fréquemment cité par l'ONU", a affirmé l'ONG dans son communiqué, expliquant que "l'Acled estime à présent que plus de 60 000 personnes ont été tuées dans la guerre du Yémen depuis seulement 2016". Selon le communiqué, "l'Acled a enregistré 60 223 décès liés au conflit entre janvier 2016 et novembre 2018" et ces chiffres ne concernent pas les décès directement causés par la violence. Autrement dit, "des estimations complémentaires produites par des organisations, telles que Save the Children, indiquent que des dizaines de milliers d'autres pourraient être décédées d'autres causes liées au conflit, telles que la famine et la maladie", lit-on encore sur le site de l'ONG. "L'Acled estime que le nombre de décès directs pendant le conflit au Yémen est bien supérieur aux estimations officielles – et toujours sous-estimé. Les nombres de morts ne sont qu'une approximation de la tragédie abjecte et de la terreur imposée aux Yéménites de plusieurs côtés. Cela ne peut pas être surestimé", regrette Clionadh Raleigh, directeur exécutif de l'Acled, qui explique que "28 182 ont été enregistrés au cours des 11 premiers mois de 2018, ce qui représente une augmentation de 68% par rapport à 2017". Et d'affirmer que "novembre 2018 est le mois le plus violent depuis qu'Acled a commencé à retracer la violence au Yémen, avec 3058 décès signalés", en raison de la relance des violences autour de la ville portuaire de Hodeïda que la coalition dite arabe, chapeautée par l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, tente de reprendre aux houthis, malgré les appels à l'arrêt de la guerre. "Entre janvier 2016 et novembre 2018, Acled a enregistré 3071 attaques visant des civils, faisant 6480 morts et victimes, dont 2189 en 2018", détaille l'ONG, affirmant justement que "la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite est liée au plus grand nombre de victimes civiles au Yémen, avec 4614 décès enregistrés depuis 2016, dont 1326 en 2018". Quant aux houthis, ils sont accusés d'avoir été responsables "d'au moins 1027 morts parmi les civils, dont 494 en 2018", affirme toujours ce communiqué. Evoquant la situation dans la ville portuaire de Hodeïda, le rapport de l'Acled a affirmé que "37% du nombre total de civils tués au Yémen en 2018 sont morts à Hodeïda". Et la trêve conclue la semaine dernière en Suède, à l'issue d'une semaine de pourparlers de paix, sous l'égide de l'ONU, ne semble pas pouvoir tenir si les parties en conflit ne se décident pas sérieusement à appliquer les termes de l'accord conclu jeudi. Lyès Menacer