Les vols se sont multipliés. Des quantités de produits périssables et de première nécessité étaient bloquées hier. Une source sûre a confirmé que plus de 10 000 conteneurs étaient bloqués, hier, au port d'Alger du fait de la grève des transporteurs privés entamée le 1er juin. Ces derniers contestent le nouveau plan de circulation. Aucun camion privé n'est entré hier au port. Les conteneurs s'accumulent. Une information de dernière minute parvenue à la rédaction indique, cependant, que le mouvement de protestation s'achemine vers le dénouement. Les transporteurs privés pourraient reprendre le travail aujourd'hui. Mais pour enlever tous ces conteneurs, il faudra des jours et des jours. L'enlèvement des marchandises va accuser un grand retard. Un importateur craint le renchérissement des frais de transport dû à cette situation. Le P-DG de l'Epal, lui, atténue le problème alors que des sources concordantes disent que la situation a empiré au port d'Alger. “Le port n'est pas encore saturé. Mais il peut arriver à saturation si une telle situation persiste.” M. Farah, P-DG de l'Entreprise du port d'Alger (Epal), suit de près l'évolution du mouvement de protestation déclenché par les transporteurs. Il indiquera que les conséquences de la grève des transporteurs sont les mêmes que celles engendrées par les précédentes actions de protestation des douaniers, des transitaires… C'est dire que le port est une chaîne de plusieurs maillons, et quand l'un d'eux est faible, c'est tout le fonctionnement qui est remis en cause. Les effets de cette grève peuvent être constatés à travers le nombre de plus en plus important de conteneurs stockés dans l'enceinte portuaire. Pareille contrainte rend difficile le traitement et l'exploitation à l'Epal. Le port continue à travailler à flux tendus. “L'activité portuaire ne cesse de s'accroître de manière exponentielle”, précisera M. Farah. Ainsi, le problème d'inadéquation de l'activité du port et de ses capacités de traitement est sérieusement posé. Un port est, selon M. Farah, configuré pour faire face à un trafic donné. En outre, le port n'est pas construit pour prendre en charge tout le développement d'une région. “Généralement quand on construit un port, on prévoit une zone d'exploitation et une autre d'extension”, explique-t-il. En 1962, le port d'Alger pouvait recevoir, souligne le P-DG, jusqu'à 54 navires/jour. Or, aujourd'hui, sa capacité ne dépasse pas la trentaine. Les capacités du port d'Alger sont réduites Cette réduction de la capacité, affirme M. Farah, rend l'extension du port plus qu'une nécessité d'autant plus que le premier plan de relance économique prévoit l'élargissement des capacités de 5 millions de tonnes à 10 millions de tonnes. Ce qui va multiplier le trafic par deux. L'attente des conteneurs, avouera M. Farah, n'est plus ce qu'elle était il y a quelques années. Cependant, les délais de sortie ne sont pas fixes. Il y a des opérateurs qui mettent 48 heures pour sortir leur marchandise du port. La grande moitié le fait en moins de 15 jours. Le reste des propriétaires de marchandise attendent jusqu'à un mois, voire plus. Comme c'est le cas des 400 conteneurs contenant des produits avariés en souffrance au port depuis 1990. Pour la liquidation de cette marchandise, l'Epal propose son enfouissement. L'entreprise attend une réponse de la part du ministère de l'Environnement. L'ouverture du commerce extérieur est dans un sens, selon lui, à l'origine de la souffrance des conteneurs au port. Les opérateurs importaient n'importe quoi. Ils ne pouvaient pas sortir leur marchandise, car celle-ci ne répondait pas aux normes requises. Le manque de documents nécessaires était, en outre, l'autre difficulté qui a empêché la sortie de ces conteneurs du port. Devant cet état de fait, l'Epal estime que la solution viendrait du renouvellement des équipements. L'entreprise est à la recherche d'un partenaire qui lui fournira des portiques (grues) et des cavaliers gerbeurs. Ces machines utilisent moins d'espace contrairement aux chariots frontaux classiques dont les mouvements (manœuvres) nécessitent une surface plus vaste. Près de 1 000 conteneurs en souffrance en raison de contentieux Plus de 16 mètres/allée sur quai sont utilisés par ces chariots, soit trois rangées de conteneurs de perdu. Avec ces équipements appropriés, l'Epal gagnerait plus d'espace pour stocker ses conteneurs et résoudre le problème de surcharge. Par ailleurs, l'Epal compte réaliser les projets qu'elle a prévus. Ainsi, elle espère récupérer le site de Birtouta, d'une superficie de 40 hectares, pour en faire un port sec. “Ce port constituera une véritable bouffée d'oxygène pour l'Epal”, affirmera M. Farah. Ce terrain deviendra un vrai complexe agroalimentaire avec un entrepôt frigorifique, des silos agraires et un guichet unique. Avec le terminal à portiques et cavaliers gerbeurs et l'extension, l'Epal compte traiter d'ici à 2015 quelque 800 000 conteneurs. Actuellement, le traitement est estimé à 40 000 conteneurs/mois et atteindra les 60 000 conteneurs/mois d'ici à cette échéance. Quant aux équipements à acquérir, l'Epal a dégagé une enveloppe évaluée à 8 milliards de dinars. Concernant le siège projeté à la sortie 7 du port, la direction générale attend l'autorisation de la wilaya. Outre son logiciel Gesport, l'entreprise compte également lancer un portail (informatique) où toutes les informations seront mises à la disposition des opérateurs en temps réel. Pour rappel, le trafic conteneurs représente 30% des activités de l'Epal. Le traitement national des conteneurs est assuré à 70% par cette entreprise. Repères Trafic maritime en 2004 - Plus de 2 800 navires contre 2 734 ont mouillé au port d'Alger en 2004, soit une hausse de + 2,78%. - Le trafic global des marchandises a dépassé le cap de 10 millions de tonnes, soit une augmentation de +8,81% en 2004. Il a été estimé à près de 9,3 millions de tonnes en 2003. Cela est dû à l'accroissement des produits agricoles et des produits divers. - Durant la dernière décennie, le trafic de marchandise est passé de près de 5,5 millions de tonnes à 10 millions de tonnes en 2004, soit un indice d'évolution de 184%. B. K.