Une vingtaine de formations politiques soudanaises ont appelé mardi soir à un changement de régime pour pouvoir surmonter la crise économique qui a déclenché le 19 décembre des manifestations à travers le Soudan, réclamant notamment le départ du président Omar al-Bachir au pouvoir depuis 1989. "La situation ne peut changer qu'en établissent un nouveau régime dans le pays, qui puisse gagner la confiance du peuple soudanais", estiment ces formations dans un communiqué conjoint en anglais rendu public au cours d'une conférence de presse à Khartoum. Réunis autour d'une coalition, 22 formations politiques, y compris certains proches du gouvernement, ont appelé à l'établissement d'un "nouveau régime" au Soudan. "Le régime de al-Bachir n'est pas en mesure de surmonter la crise, en raison de son isolement politique, économique, régional et international", indique un communiqué de ces formations. Ces formations, qui ont pris part à un processus de dialogue national lancé par le président al-Bachir en 2014 pour tenter de régler les problèmes politiques et économiques du Soudan, ont appelé à la mise en place d'un nouveau gouvernement de transition (...) qui convoquerait des élections pour rétablir la démocratie et les libertés publiques. Les manifestations ont gagné plusieurs villes y compris la capitale Khartoum, après une hausse des prix du pain, passé mi-décembre d'une livre soudanaise (1 centime d'euro) à trois, en plein marasme économique. La contestation s'est vite transformée en un mouvement contre le régime du président al-Bachir qui s'est emparé du pouvoir par un coup d'Etat en 1989. Durant les premiers jours de la contestation, des bâtiments et des bureaux du parti du Congrès national, au pouvoir, ont été incendiés par les manifestants. Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées, selon un bilan officiel. L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a fait état de 37 morts. Les forces antiémeutes ont dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogène notamment, alors que les services de sécurité ont arrêté plusieurs leaders et militants de l'opposition. Vendredi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les autorités soudanaises à mener une enquête approfondie sur les morts et la violence et souligné la nécessité de garantir la liberté d'expression et de rassemblement pacifique. Le président al-Bachir a ordonné mardi la création d'une commission d'enquête sur les violences meurtrières enregistrées au cours des manifestations. Amputé des 3 quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays a vu l'inflation s'établir à près de 70% annuellement, tandis que la livre soudanaise plongeait face au dollar américain. Des pénuries de pain et de carburants touchent plusieurs villes. R. I./Agences