Plusieurs maires italiens ont refusé d'appliquer le décret-loi anti-immigration du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini. Le qualifiant d'"inhumain" et de "criminogène", le texte a largement été critiqué par les élus, à leur tête le maire de Palerme, en Sicile, Leoluca Orlando. "C'est un texte inhumain parce qu'il viole les droits de l'Homme, et criminogène parce qu'il transforme en illégaux des personnes qui se trouvent légitimement sur notre territoire", a lancé jeudi Leoluca. Il a aussitôt déclaré qu'il suspendait l'application du décret-loi sécurité et immigration du ministre de l'Intérieur d'extrême droite "pour ce qui relève des compétences des communes", tout en annonçant sa volonté de saisir un juge pour évaluer la constitutionnalité de la loi adoptée en automne par la majorité Ligue-Mouvement cinq étoiles. Les maires de Florence et de Naples ont décidé d'en faire autant, en se joignant à Orlando. D'ailleurs, le maire de Naples, Luigi de Magistris, a déclaré que le port de sa ville était prêt à accueillir le bateau d'une ONG transportant 32 migrants, bloqué dans un orage dans la Méditerranée, selon le journal italien Il Fatto Quotidiano. Cette loi en question a été adoptée en novembre dernier par Salvini, qui a fortement durci la politique de l'Italie en matière d'immigration. La principale mesure du texte abolit les permis de séjour humanitaires, alors que et jusqu'à aujourd'hui, les demandeurs du statut de réfugié pouvaient s'inscrire au bureau de l'état civil dans l'attente de la réponse de la commission, par exemple sur les listes des jardins d'enfants publics (pour les enfants) et des logements sociaux, rappelle le quotidien Corriere della Sera. Face à cette fronde, la réaction du patron de l'extrême droite ne s'est pas fait attendre. Il a ainsi appelé à ne pas reculer d'"un millimètre", a révélé le site de presse de gauche Repubblica.it, tout en ajoutant que pour Salvini "il n'y a pas de controverse, le décret de sécurité c'est la loi de l'Etat. Ces maires sont incapables, ils pensent donc à protester plutôt que de faire quelque chose pour les citoyens". S'adressant au maire sicilien, Matteo Salvini a, par ailleurs, indiqué : "Je dis à ces maires, qu'ils devront répondre à leurs citoyens, à leur enfants, aux futurs Italiens ! Nous avons déjà reçu beaucoup de monde les années précédentes. Si quelqu'un n'est pas d'accord, il peut démissionner, démissionne Orlando !" a-t-il ironisé. Pour leur part, les maires des villes de Venise, de Gênes et de Vérone ont manifesté leur soutien à Matteo Salvini affirmant que "le décret sécurité contient des règles justes et compréhensibles". Selon l'agence de presse italienne AKI, "trente maires se rendent sur le terrain pour défendre le décret Salvini sur la sécurité et écrivent une lettre à l'Association nationale des communes d'Italie (Anci)". Ces mêmes maires, demandent une "confrontation", tout en dénonçant l'utilisation de l'association "qui représente tous les citoyens" de manière instrumentale pour soutenir les positions politiques d'une partie du pays. Imène AMOKRANE