Cette technique est également utilisée pour la recherche de terroristes. Le terrorisme, les inondations de Bab El- Oued en 2001, le crash de l'avion d'Air Algérie et le séisme de Boumerdès en 2003 figurent parmi les tragédies les plus importantes qui, non seulement ont coûté la vie à d'innombrables algériens, mais prorogé le deuil de certaines familles, auxquelles il a été impossible de se réapproprier la dépouille d'un proche, tant celle-ci était méconnaissable. De leur côté, les services de sécurité et de la santé ont eu à régler un véritable casse-tête chinois. Comment identifier un cadavre fragmenté par l'explosion d'une bombe ou écrabouillé par l'écroulement d'un immeuble ? Tel était leur assommoir tant les outils mis à leur disposition étaient rudimentaires. Au lendemain du tremblement de terre du 21 mai 2003, la police scientifique espagnole était venue à la rescousse de son homologue algérienne, en mettant à sa disposition les techniques de reconnaissance génétique (par utilisation de l'ADN). Depuis, la direction de la sûreté nationale ainsi que la gendarmerie ont acquis leurs propres laboratoires d'expertise ADN. Cependant, l'utilisation de ce procédé demeure encore très limitée. La raison principale se rapporte à sa cherté. “Cette méthode est effectivement très onéreuse”, reconnaît M. Mohamed Isouli, directeur général de la police judiciaire (DPJ). Le collaborateur de Ali Tounsi ouvrait, hier, un séminaire international sur les techniques d'identification des catastrophes naturelles à l'Institut supérieur de la police criminelle à Saoula. Cette manifestation couronne une série de rencontres d'initiation, quatre en tout organisées également en Algérie. Leur objectif est de familiariser la police locale avec les recettes en cours dans les pays européens. Cette adaptation constitue un pas dans la voie d'une meilleure uniformisation des méthodes, nécessaire pour l'échange des informations entre les différentes polices de la région. La lutte contre le terrorisme l'exige en priorité, notamment dans la recherche et la localisation d'individus recherchés, grâce à la comparaison de leurs traces d'ADN. “La lutte contre le terrorisme requiert des équipements très sophistiqués”, note le DPJ. Auparavant, les experts de la section judiciaire, se contentaient de recueillir les empreintes digitales dans leurs investigations. Pour reconnaître les victimes, ils se rabattaient sur un examen dentaire. Aboutissant quelquefois et essuyant par ailleurs des ratés, ces formules sont approximatives. Elles se sont montrées inefficaces dans la reconnaissance des corps des portés disparus durant les années du terrorisme. D'où la nécessité pour les agents de la police scientifique de recourir à l'ADN. “Nous l'utiliserons”, soutient M. Issoul, sans plus de précision. Les détails sont aux mains des experts réunis à Saoula. Ils devront clôturer leur séminaire, aujourd'hui, avec une série de recommandations visant à promouvoir les compétences de la police scientifique et l'aider à mettre un visage sur chaque chromosome. Samia Lokmane