Le poids de l'ingérence saoudienne dans ce conflit empêche tout règlement rapide de la crise qui secoue le Yémen depuis mars 2013. Un mois après les pourparlers inter-yéménites en Suède, les premiers depuis 2016, le chemin s'avère semé d'embûches pour l'ONU qui peine à faire appliquer une série d'accords sur le terrain, ce qui fragilise le processus de paix. L'émissaire des Nations unies, le Britannique Martin Griffiths, est retourné samedi au Yémen avec l'intention d'accélérer l'application des accords, notamment un retrait - l'ONU parle de "redéploiement"- des forces en présence à Hodeida, port de l'ouest essentiel à l'aide humanitaire et aux importations alimentaires. Car si la ville connaît un calme relatif depuis l'entrée en vigueur le 18 décembre d'un cessez-le-feu entre les Houthis et les forces progouvernementales, aucun redéploiement significatif des Houthis, qui contrôlent la grande majorité de Hodeida, n'a eu lieu comme le prévoit un accord conclu en Suède. "L'arrêt des hostilités à Hodeida continue de tenir", a ainsi assuré jeudi le porte-parole de l'ONU Farhan Haq en dépit des accusations échangées par les belligérants sur des violations répétées de la trêve, dues surtout à une ingérence saoudienne qui est à l'origine de l'aggravation de ce conflit interne. L'ONU a obtenu une percée en Suède le 13 décembre après huit jours de pourparlers entre le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, et les Houthis. Le principal accord porte sur Hodeida, front actif du conflit sur lequel s'est focalisée l'attention internationale en raison de la crise humanitaire considérée par l'ONU comme la pire au monde. La famine menace toujours le Yémen. Les belligérants se sont aussi accordés sur un échange de prisonniers, qui se comptent par milliers, et sur des arrangements de sécurité à Taëz, grande ville du sud-ouest encerclée en partie par les Houthis. Le texte de l'accord, tel que publié par l'ONU, ne comporte pas de calendrier précis pour le retrait des Houthis des ports de Hodeida, Salif et Ras Issa, pour celui des forces des deux camps de la ville même, et la facilitation de la circulation de l'aide humanitaire. Les Houthis ont annoncé un début de retrait le 29 décembre du port, aussitôt mis en doute par le gouvernement qui reçoit ses ordres de Ryad. L'accord en Suède prévoit de remettre le port de Hodeida et ceux de Salif et de Ras Issa aux administrations qui étaient sur place avant l'arrivée des Houthis fin 2014, en donnant un rôle à l'ONU dans la gestion de ces ports sur lesquels lorgne l'Arabie Saoudite depuis toujours. L'ouverture de la route entre Hodeida et la capitale Sanaa comme corridor humanitaire, n'a pas eu lieu à la date prévue du 29 décembre, selon un communiqué de l'ONU. Le chef des observateurs civils de l'ONU à Hodeida, le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, a exprimé sa frustration à ce propos, selon le communiqué, regrettant une "occasion manquée" pour renforcer la confiance entre les belligérants. R. I./Agences