Répondant à la question d'un député du MSP ce jeudi à l'APN, Noureddine Salah rassure les détracteurs du rapport de la commission Benzaghou. Dans une Algérie qui continue dans sa valse-hésitation à se tourner résolument vers le progrès et la modernité par le biais d'une école rationnelle où les charlatanismes ne pourraient plus disputer la place à la science, les islamistes et les autres courants de la régression ne cessent de gagner du champ pour imposer leurs points de vue. Ce qui s'est passé, avant-hier, à la plénière de l'Assemblée nationale est ahurissant. Un ministre de la République, en a tout bonnement cédé à la tentation islamiste en remettant en cause tout le programme de réforme de l'école initié par la commission Benzaghou. Chargé d'appliquer les recommandations de cette dernière, Noureddine Salah a promis au député du MSP, Fateh Guerd, qui s'inquiétait sur l'orientation de la refonte du système éducatif, que les constantes nationales seront scrupuleusement respectées et que les matières scientifiques, contrairement à ce que dit le rapport remis il y a plus de deux années au chef de l'Etat, seront enseignées dans la langue arabe. Quelle mouche a donc piqué le chef du département de l'Education pour qu'il balaie ainsi d'un revers de la main la réforme tant attendue de l'école ? Pourtant, c'est lui qui, en novembre dernier, annonçait l'entrée en application, dès la prochaine année scolaire, de la réforme de la commission Benzaghou. Encore une autre concession faite aux islamo-conservateurs qui, dans les circonstances actuelles, n'en demanderaient pas plus. Leurs mises en garde, lancées d'ailleurs depuis l'installation de la commission de réforme de l'école par le président de la République, semblent avoir produit de l'effet du côté du Palais du gouvernement et d'El-Mouradia où l'on continue à faire sur cette question qui engage l'avenir de nos enfants et celui du pays. Un pas en avant et deux pas en arrière. Si le MSP et El-Islah, relayés par leurs soutiens dans le secteur de l'Education et dans quelques cercles d'apprentis sorciers, tentent, par tous les moyens, de disqualifier définitivement l'option d'une école républicaine, il est évident, en effet, que leur volonté de freiner le projet se nourrit beaucoup plus des hésitations de nos responsables que de leurs capacités de mobilisation. Il suffit qu'Ali Ben Mohamed, le chef de file des tenants du baâthisme en Algérie, élève la voix pour que ses vœux soient exaucés. Il n'a d'ailleurs pas besoin d'organiser de grandes manifestations pour que “ses idées” aient un écho en haut lieu tant ceux qui sont chargés de ramener notre système éducatif sur la voie de la modernité, de la rationalité et du progrès s'apparentent beaucoup plus à des coopérants techniques qu'à des militants convaincus d'une école républicaine. C'est en fait le cas de ce ministre, Noureddine Salah qui, en cinq minutes, s'est aligné sur les thèses d'un parti qui n'est pas le sien, et qui fait de l'arabisme et de l'islamisme des idéologies de guerre contre tout ce qui peut représenter et véhiculer à ses yeux la modernité. La réforme de l'école aura-t-elle alors lieu ? Rien ne le laisse présager avec un ministre de l'Education qui s'est découvert subitement une vocation islamisante. S. R.