Et pour cause, il menacerait, selon lui, l'arabe, l'Islam et l'histoire du pays. Pour le leader d'El-Islah, «le pouvoir a voulu défier les parties qui rejettent le contenu du rapport Benzaghou», en nommant trois membres de la Commission nationale pour la réforme du système éducatif (Cnrse), à la tête des secteurs clés, tels l'éducation nationale, l'enseignement supérieur ou encore la culture et la communication, dans le dernier Exécutif présidé par Benflis. Ce choix de personnalités reflète aussi «la nature totalitaire du régime politique algérien qui, en agissant ainsi, a décidé de tourner le dos au peuple» réfutant, selon la logique d'El-Islah, ces réformes. Fidèle à ses positions, notre invité, même s'il s'est déclaré favorable à la réforme des programmes scolaires, n'en demeure pas moins très hostile au travail de la commission Benzaghou qu'il a définie de «laïque ne représentant que ses rapporteurs». Notre invité «révèle», entre autres, «un complot contre la langue arabe» en optant pour la langue de Victor Hugo dans l'enseignement des matières scientifiques et en l'introduisant dans les programmes scolaires des élèves dès la deuxième année primaire. «L'Islam serait aussi visé», à travers ce projet qui prévoit l'introduction de l'éducation islamique comme un simple chapitre dans la nouvelle matière qu'est l 'éducation civique. Plus grave encore, l'histoire du pays ferait l'objet d'une grave tentative de falsification: «On voudrait, à travers les nouveaux programmes, faire part égale au grand savant musulman Ibn Badis et au chrétien saint Augustin, ce qui est en soi une erreur monumentale». Conscient que le pouvoir n'a pas l'intention de reculer, cheikh Djaballah a tenu, néanmoins, à rassurer les détracteurs des réformes de Benzaghou auxquels il adresse le message suivant: «Soyez sûrs que nous procéderons à l'annulation de ces réformes si nous accédons au pouvoir». Ce serait, dans ce cas-là, «un juste retour à la volonté du peuple», estime-t-il. Pourtant, ce même peuple a opté, dans son écrasante majorité, pour un programme prônant, entre autres, la réforme de l'école lors du dernier scrutin, lui avons-nous rappelé. Il répond en affirmant que les résultats des élections du 30 mai ont été faussés. «Il serait, dans ce cas-là, objectivement impossible que le parti élu soit représentant de la volonté du peuple», argumente-t-il. Sur sa lancée, M.Djaballah, apparemment très sûr de sa «popularité», se place comme le meilleur porte-parole du peuple, ce que lui permet d'estimer que sa vision sur la réforme de l'école est la plus crédible parce qu'elle tient sa légitimité, comme c'est le cas de son parti, du peuple. Par conséquent, «nous n'hésiterons pas à la concrétiser sur le terrain au moment opportun» . Sans trop le vouloir, et à travers sa réaction, M.Djaballah vient de relancer un vieux débat relatif à la relation entre le politique et l'école en Algérie. Cette dernière reste, depuis l'indépendance, prisonnière de calculs politiques. Les choses ne semblent pas trop avancer aujourd'hui, même si officiellement on tente de faire croire le contraire. Preuve en est, qu'interrogé sur les raisons l'ayant poussé à refuser de faire partie de la coalition gouvernementale, Cheikh Djaballah n'y est pas allé par quatre chemins pour évoquer le rapport de la Cnrse. En Algérie à chaque régime son école, Djaballah en aura-t-il un un jour?