Le leader du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, s'indigne au plus haut point du silence et de la banalisation qui entourent le regain des massacres terroristes. Saisissant l'occasion de la rencontre des secrétaires généraux de wilaya de son parti, réunis jeudi dernier à l'hôtel Azur Plage (Zéralda), Ouyahia a clamé sentencieusement d'un ton des plus graves devant un parterre de journalistes : “Je ne vous cache pas notre déception devant le fait que des actes aussi tragiques que les massacres terroristes se passent dans une espèce de banalisation sur une bonne partie de la scène nationale.” À qui s'adresse l'allusion d'Ouyahia, sachant que des formations politiques comme le FLN, le RCD, le MSP et le MDS ont récemment condamné les derniers massacres terroristes ? Il rétorque en pointant du doigt ceux qu'il qualifie d'“alliés du terrorisme”. Il s'agit, selon lui, de “tous ceux qui ont tout récemment créé une situation ubuesque autour de la libération de l'un des principaux dirigeants du parti dissous (Ali Belhadj, ndlr), de ceux qui à l'intérieur comme à l'extérieur du pays agitent le “qui tue qui ?” et enfin de ceux qui se taisent devant les cohortes qui redoublent d'activisme au sein des mosquées”. Quid du silence du président Bouteflika ? Ouyahia, tout en ignorant superbement le chef de l'Etat en omettant de le citer, aura cette réponse lourde de sens : “La République se bat et la preuve qu'elle se bat, c'est que nous avons eu quarante-trois soldats (à Batna, ndlr) qui sont tombés lâchement dans une embuscade parce qu'ils étaient en train de se battre courageusement.” Le leader du RND, par ailleurs ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, qui consacrera entièrement son intervention devant les secrétaires généraux de wilaya du RND à la question du terrorisme, relancera, dans ce contexte de nette dégradation de la situation sécuritaire, l'idée de la création d'un front contre le terrorisme. “Nous devons mettre de côté nos différends de partis politiques, y compris de ceux de l'opposition au pouvoir, et contribuer à la création d'un front national uni contre le terrorisme”, a-t-il lancé en recommandant de méditer les exemples espagnol et anglais en matière de lutte contre ce phénomène. En ce sens que les classes politiques de ces deux pays, bien que divergentes sur de nombreuses questions fondamentales, convergent en tout cas sur la question de la lutte contre le terrorisme. Le patron du RND regrettera dans la foulée le retard accusé dans la mise sur pied de ce front auquel il a lui-même appelé au mois de ramadhan 2000. Il dira à ce propos que “nos différences partisanes et nos prises de position politiques prennent le dessus sur l'intérêt fondamental qui est la survie des Algériens et, partant, la survie de l'Algérie”. Ce front verra-t-il le jour ? N. M.