Depuis des mois, le controversé maréchal se préparait à conquérir la partie sud de la Libye, ayant pour objectif de resserrer l'étau sur Tripoli, où est basé le gouvernement reconnu par la communauté internationale. La brigade Tarek-Ibn Ziad de l'armée libyenne, sous contrôle du maréchal Khalifa Haftar, a entamé hier à Sebha une vaste opération visant officiellement à "libérer le Sud-Ouest" des groupes terroristes, des milices libyennes, des groupes rebelles des pays voisins et des réseaux de trafic de migrants. Et c'est le porte-parole de l'armée, le général Ahmad Al-Massamry, qui l'a annoncé hier matin lors d'une conférence de presse à Benghazi. Ce dernier a affirmé, selon les propos rapportés par le quotidien libyen Al-Ayyam, que l'objectif officiel de l'opération est de "protéger les habitants du sud-ouest du pays" des groupes terroristes, en citant à titre d'exemple l'Etat islamique et Al-Qaïda, ainsi que des bandes criminelles sévissant dans la région. Le général Al-Massamry a souligné que "l'autre but est notamment d'assurer l'intégrité territoriale de la Libye et d'empêcher les destructeurs de mettre en danger l'indépendance du pays, et de sécuriser ses richesses pétrolières et gazières ainsi que le fleuve artificiel". La même source a déclaré que l'armée "se chargera d'approvisionner les habitants des régions du Sud en carburants, produits alimentaires et médicaux", et qu'elle "va rouvrir toutes les routes reliant le nord au sud et les sécuriser et surtout veiller à l'application de la loi et stopper l'immigration illégale, qui menace la sécurité nationale, régionale et internationale". Par ailleurs, Aguila Saleh, le président du parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, a déclaré lundi que "la Libye devrait poursuivre les élections nationales, même si les électeurs rejettent un projet de constitution dans le cadre d'un référendum prévu". "Parce que nous voulons une constitution (basée sur) un consensus, cela prendra du temps... Nous avons besoin d'un pouvoir exécutif et il n'y a pas d'autre choix que (l'élection) d'un président temporaire (si le projet de constitution est rejeté)", a ajouté Aguila Saleh, selon l'agence de presse Reuters, sans toutefois donner une date possible pour les élections. Le président du Parlement de Tobrouk a souligné que la Chambre des représentants pourrait, si nécessaire, obtenir des fonds des autorités de l'Est pour permettre le référendum sur le projet de constitution. "Si les électeurs rejetaient le projet de constitution, un comité spécial devrait travailler sur une nouvelle version. Le projet actuel envisage un système parlementaire avec deux chambres mais également avec une présidence forte", a-t-il également précisé. Rappelons que les Nations unies espèrent que la Libye organisera ses élections nationales en juin prochain après l'organisation d'un référendum sur un cadre constitutionnel destiné à sortir du conflit. La Haute commission électorale nationale (HNEC) libyenne a indiqué, le mois dernier, qu'elle pourrait organiser un référendum en février si elle recevait un financement du gouvernement basé à Tripoli et soutenu par l'ONU, alors que cette dernière souhaite tenir une conférence nationale pour les Libyens au début de l'année 2019 afin de surmonter les divisions politiques et l'organisation des élections présidentielle ou parlementaires en Libye. Merzak Tigrine