Ayant toujours refusé de répondre à ses détracteurs de la Fédération algérienne de football (FAF), qui ne l'ont pas épargné depuis son limogeage de la barre technique de la sélection nationale, Rabah Madjer sort de son mutisme et décide enfin de répliquer. L'ex-capitaine et entraîneur des Verts, considéré meilleur joueur arabe de tous les temps, a choisi, hier, le Forum des sportifs algériens organisé au centre de presse d'El Moudjahid, pour dénoncer les causes qui sont derrière cet état “désastreux” dans lequel le football algérien est englué actuellement. Quand il s'agit de l'EN, Madjer va toujours droit au but et sans complaisance aucune. “Le mal a atteint son paroxysme. Les clignotants sont au rouge. Ça fait 25 ans que cela ne s'est pas produit pour l'Algérie de ne pas se qualifier à une phase finale de Coupe d'Afrique des nations. C'est lamentable”, résume Madjer la situation actuelle de football algérien. Et d'ajouter : “Je ne vais pas parler des clubs, mais de l'équipe nationale qui souffre depuis quatre ans d'une instabilité chronique. En quatre ans, l'EN a consommé cinq entraîneurs, dont deux Belges qui n'ont rien apporté.” À ce titre, Madjer n'hésite pas à pointer un doigt accusateur vers des dirigeants de la FAF, les considérant comme les principaux responsables de cette catastrophe. Il dira que “la faille est flagrante et le résultat est là. Le football algérien s'est dégradé à un point très grave. Nous sommes arrivés à perdre 3 à 0, ici au pays, devant le Gabon, alors qu'on était les meilleurs du continent. Les responsables de la FAF essayent d'expliquer l'échec en prétendant que nos joueurs et nos entraîneurs n'ont pas un bon niveau alors que c'est faux. Pour moi, en tout cas, c'est le contraire. Des Dziri et Zafour sont de bons joueurs sur lesquels on peut compter. Ils veulent ainsi fuir leurs responsabilités et tromper le public algérien. C'est eux les incompétents et c'est eux qui doivent partir”. L'ex-international algérien, vainqueur de la Coupe d'Europe des clubs champions avec le FC Porto (actuellement Ligue des champions), est revenu sur son dernier limogeage de la tête du staff technique des Verts, en déclarant qu'“on n'a pas voulu de moi parce que je dérangeais. La FAF voulait un entraîneur sur lequel elle pouvait avoir la mainmise, un entraîneur qui n'a pas de personnalité, alors que je ne suis pas du genre. On n'a pas voulu de moi pour mon sens des responsabilités et, pourtant, je voulais servir l'équipe nationale, servir mon pays et pas me servir”. Il a tenu à préciser que “pour ceux qui prétendent que Madjer n'a aucun diplôme, je les informe que je suis diplômé de Clairefontaine et major de promo”. Evoquant la question de son probable retour aux affaires du football algérien et de l'équipe nationale, Rabah Madjer considère que “le plus urgent, c'est comment soigner le mal et crever l'abcès. Et pour cela, on doit provoquer l'AG dans les meilleurs délais possibles, sans perdre encore de temps. Pourquoi attendre jusqu'à novembre pour tenir cette assemblée générale, alors qu'on n'a aucune échéance ? Je ne pense pas que cette idée de reporter l'AG jusqu'à la fin de l'année est innocente. Et je suis persuadé qu'il y a quelque chose qui se prépare”. Pour cela, Madjer appelle les présidents de club “à obliger la FAF à tenir cette AG le plus rapidement possible. Ne vous laissez pas manipuler par cette fédération comme elle l'a déjà fait avec beaucoup de gens. Elle a échoué, elle doit demander pardon aux Algériens et quitter les locaux de Dély Ibrahim”. M. BOUKHEMIA