La Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), affiliée à l'UGTA, tire la sonnette d'alarme sur l'affaiblissement du système de protection sociale. Hier, lors de l'ouverture des travaux du IVe Congrès fédéral, le patron de la FNTR a parlé de “l'implication directe de l'Etat dans l'affaiblissement” de ce système, estimant que la protection sociale se trouve désormais placée “au centre d'enjeux décisifs” : Abdelmadjid Azzi avait auparavant relevé “une confusion” chez l'Etat entre sa politique sociale et le fonctionnement de la sécurité sociale. Cette confusion, avait-il alors précisé, a effacé progressivement “toute frontière” entre la solidarité nationale “qui relève du champ de compétence et d'intervention de l'Etat” et la solidarité collective des travailleurs qui appartient au “champ de compétence et d'intervention de la sécurité sociale”. M. Azzi a clairement laissé entendre que “l'extrême précarité” qui caractérise aujourd'hui le système de sécurité sociale, notamment la branche de la retraite, est le résultat des “prélèvements” effectués par l'Etat, à travers la récupération des fonds de réserve, la perpétuation du forfait hôpitaux, la participation au financement des infrastructures et équipements de santé, l'utilisation du système de sécurité sociale “pour amortir le choc en retour du programme d'ajustement structurel”, etc. Selon le responsable fédéral, la Caisse nationale de retraite (CNR) est réellement exposée au risque de “cessation de paiement” de ses 1 600 000 pensionnés, dénombrés en février dernier. Pour étayer ses propos, M. Azzi a rappelé que la CNR a été contrainte de supporter les effets pervers de l'ajustement structurel, en accueillant 280 000 nouveaux retraités “versés dans les nouveaux régimes de retraite proportionnelle et de retraite sans condition d'âge”, dont 46% de cadres, qui ont coûté depuis 1997 à la CNR plus de 141 milliards de dinars, sans aucune compensation de l'Etat. “Ce qui est au centre des enjeux, ce n'est pas seulement l'amélioration du pouvoir d'achat des retraités et le droit d'accéder à des conditions de vie décente (…), c'est la préservation et la pérennisation de notre système de protection sociale, menacé dans ses fondements par une politique néolibérale, antiéconomique, antisociale, antidémocratique et dénuée de toute humanité”, a expliqué le SG de la FNTR, en faisant le lien entre la tenue du IVe Congrès de la Fédération et le 22e Anniversaire des lois relatives à la sécurité sociale du 2 juillet 1983. “En décidant de les adopter, l'Etat s'est engagé solennellement à promouvoir le système national de sécurité sociale (…) (et à) garantir l'équilibre financier du système et en assurer la pérennité”, a déclaré M. Azzi, non sans dénoncer les solutions de “grignotages” ou celles marquées du sceau des “ordres venus d'en haut”. D'après lui, la “vraie” solution se situe à deux niveaux, celui de “l'impératif de rupture radicale avec la ligne et la politique néolibérales” et celui d'un “projet mobilisateur” d'une UGTA “indépendante, démocratique et de masse, en charge de la défense intransigeante de leurs droits légitimes, inséparables de l'intérêt supérieur de la nation”. H. AMEYAR