Remonté contre l'attitude réservée aux exportateurs au sein de la Banque d'Algérie, M. Nasri avoue que "même l'accueil nécessaire a disparu". Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, qualifie la Banque d'Algérie (BA) de "véritable frein aux exportations hors hydrocarbures". Pour lui, la banque des banques est devenue un "blocage systématique" aux opérations d'exportations. "La situation ne cesse d'empirer", déplore-t-il à ce propos. Très remonté contre l'attitude réservée aux exportateurs au sein de la Banque centrale, M. Nasri avoue que "même l'accueil nécessaire a disparu". En termes plus clairs, les opérateurs souhaitant exposer leurs divers soucis, regrette le président de l'Anexal, y sont mal reçus. "À la Banque d'Algérie, l'on a constaté ces derniers mois, une nette régression dans la résolution des problèmes posés par les exportateurs", souligne, déconcerté, Ali Bey Nasri. Il relève beaucoup d'anomalies. Il cite l'exemple de l'admission temporaire (un régime douanier qui permet l'introduction sur le territoire d'un pays, en suspension de droits et taxes, de marchandises importées dans un but défini et destinées à être réexportées dans un délai déterminé) que la BA refuse à plusieurs opérateurs. Pour illustrer cette irrégularité économique, M. Nasri avoue que durant les années 1990 où l'Algérie était criblée d'une dette de 32 milliards de dollars, les conditions étaient meilleures pour l'exportateur que ce qui prévaut actuellement. "À l'époque l'on accordait une rétrocession en devises de 100% au profit des exportateurs de produits industriels. De nos jours, l'on n'en rétrocède que 20%", constate-t-il. Ce spécialiste des exportations est catégorique : "La Banque d'Algérie considère actuellement l'exportateur comme un suspect." Allusion faite, bien entendu, au blanchiment d'argent. L'autre incongruité évoquée par le président de l'Anexal a trait aux dispositions de l'article 29 du règlement n°07-01 du 03 février 2007 relatif aux règles applicables aux transactions courantes avec l'étranger et aux comptes devises qui stipule qu'"à l'exception des opérations en transit… toute opération d'importation ou d'exportation de biens ou de services est soumise à l'obligation de domiciliation auprès d'un intermédiaire agréé". Il arrive que des opérateurs reçoivent de l'argent en devises à l'avance, (avant la domiciliation), mais la BA refuse et menace d'appliquer des pénalités pour infraction à la réglementation, indique ce conseiller en commerce extérieur en marge d'une réunion de la Confédération algérienne du patronat (CAP). "Dans une transaction, si vous recevez 100 euros en plus ou en moins, vous devrez les justifier, selon les exigences de la BA", dénonce-t-il. "La Banque d'Algérie s'est engagée, conformément à la loi, à accorder 20% de rétrocession de devises, libre utilisation, à la discrétion de l'opérateur mais dans les faits, cela ne se fait pas", avait relevé récemment un gros exportateur. "Pis encore, la Banque d'Algérie a tenté de nous attaquer en justice parce que des clients d'outre-mer nous ont payés à l'avance. L'argument avancé a trait au fait que notre groupe a exporté avant la domiciliation bancaire. Or, c'est faux, nous n'avons jamais exporté avant la domiciliation", avait-il expliqué. "Nous avons réalisé 16 opérations d'exportations pour lesquelles nos clients nous ont payés à l'avance", avait précisé cet opérateur qui avait justifié cela par la confiance que suscite le groupe auprès de ses partenaires étrangers. "Si à chaque fois qu'un opérateur exporte, on lui sort des infractions qu'il n'a pas commises, comment allons-nous développer les exportations dans notre pays ?", s'est interrogé cet exportateur. Par ailleurs, toutes les propositions et autres solutions suggérées par l'Anexal au gouverneur de la BA pour résoudre ces problèmes sont, selon M. Nasri, restées lettre morte. B. K.