Derrière la sérénité affichée par le parti du Front des forces socialistes, une grave crise couve dans ses rangs. Alors que les délais réglementaires pour la tenue du cinquième congrès du parti sont dépassés, les différends qui minent ces derniers mois les différentes composantes du parti atteignent désormais l'instance présidentielle scindée au moins en deux groupes qui se déchirent, désormais, publiquement. Il régnait un climat de forte tension dans les rangs du FFS, lors de la tenue, vendredi, d'une session "ordinaire" de son conseil national. Dans le communiqué final, le parti fondé par Hocine Aït Ahmed en septembre 1963 a annoncé son intention de boycotter l'élection présidentielle du 18 avril prochain. Point de problèmes internes, devenus pourtant intenables depuis que l'actuelle direction "expulse" à tout va cadres et militants. Alors que les débats devaient porter sur le scrutin présidentiel et un toilettage dans les instances du parti, deux membres de l'instance présidentielle, à savoir Hayet Tayati et Sofiane Chouikh, ont déclaré publiquement avoir "mis fin aux fonctions" de Mohamed Hadj Djilani, premier secrétaire national. Pourtant, ce dernier venait de recevoir le soutien public de l'homme fort du moment, à savoir Ali Laskri. Dans une violente diatribe contre les membres de l'instance présidentielle, Hayet Tayati s'en prend à la nomination de l'actuel premier secrétaire national. Pour elle, cette désignation est contraire aux statuts qui obligent, par exemple, que le premier secrétaire soit issu des rangs du conseil national et doive être au moins élu. Pis encore, la responsable a mis en cause l'absence de rapport financier du responsable de l'exécutif du parti. Dans une vidéo diffusée par certains militants, on y voit Hayet Tayati citer nommément Mohamed Hadj Djilani sous les applaudissements d'une partie de l'assistance. Dans la foulée de cette levée de boucliers, deux membres du bureau national ont rendu publiques leurs démissions. Il s'agit de Malek Sadali et d'Ahmed Hmimi Bouider. Les deux militants dénoncent les "violations" des statuts du parti et disent joindre leurs voix aux membres mécontents de l'instance présidentielle. Cette crise, intervenue quelques semaines après des expulsions en cascade de militants et cadres du parti, fragilise un peu plus la formation politique, à la veille de la tenue d'un congrès décisif. Alors que le rendez-vous organique qui doit désigner une nouvelle direction devait se dérouler en 2018, aucune date n'est prévue pour sa tenue. Aucune commission n'a été installée à cet effet et aucune date n'est désignée, prolongeant un peu plus la crise qui frappe de plein fouet le parti politique. Depuis l'été dernier, une dizaine de militants, dont des députés, ont été expulsés des rangs du FFS pour, notamment, des déclarations tenues en dehors du cadre partisan. C'est le cas de Salima Ghezali, de Chaffaâ Bouaïche, de l'ancien porte-parole, Hacen Ferli, et de cadres de la fédération d'Alger. Et rien ne dit que la liste est close. Ali Boukhlef