À l'heure où les pouvoirs publics énumèrent les avancés réalisées en matière d'amélioration du cadre de vie des citoyens dans les zones enclavées, dans le cadre d'une politique qui vise à réduire l'exode rural vers les villes et inciter les populations à rester dans leurs villages, il existe dans la wilaya de Boumerdès des localités dépourvues des commodités rudimentaires, et où les citoyens endurent un quotidien pénible, n'ayant pas fait l'objet de l'intérêt des autorités. Les deux villages mitoyens, Ighoumrassen et Iouanoughen (commune des Issers), à quelques encablures du chef-lieu de cette daïra, s'enlisent dans un sous-développement profond, qui nous renvoie aux images de nos villages durant les années soixante. Ces deux villages, qui font partie de l'arch Irafeâen qui dominent les hauteurs de Naciria, Bordj Menaiel et les Issers, souffrent d'un déficit flagrant en matière d'infrastructures de base. Ils ne disposent même pas d'un réseau d'assainissement fiable. À ce jour, les eaux usées émanant des maisons se déversent en pleine nature, à ciel ouvert, non loin des habitations. Un projet a été initié pour raccorder ces localités au réseau d'assainissement, mais le problème n'a pas été réglé, car l'enveloppe allouée était insuffisante pour la réalisation de tout le tracé. Face à cette situation de délabrement, les habitants ont tiré la sonnette d'alarme, en organisant, la semaine dernière, un sit-in à l'intérieur du siège de l'APC des Issers. En se rendant sur place, la première chose qui attire l'attention est forcément la route carrément délabrée. Ce passage d'à peine 5 km est impraticable pour les véhicules légers. En matière d'alimentation en eau potable, un habitant d'Ighoumrassen nous a révélé que le réseau AEP souffre de fuites récurrentes, notamment en période estivale, ce qui affecte sérieusement l'approvisionnement en eau potable. "En été, il nous arrive d'avoir l'eau dans les robinets seulement une fois tous les 15 jours. Chaque fois, l'eau est coupée en raison des fuites, et les équipes d'intervention mettent beaucoup de temps avant de venir les réparer", nous a-t-il confié. La mise en service du réseau de gaz de ville n'est également pas à l'ordre du jour. Même si une partie des installations a été réalisée, le projet connaît un important retard. L'autre problème soulevé par les citoyens est l'inexploitation de la cantine du seul collège de la région. En effet, cette cantine demeure fermée depuis l'ouverture de cet établissement il y a deux années, en raison du non-payement par la direction de l'éducation des dus de l'entreprise qui a construit l'édifice. Une situation qui affecte, notamment en hiver, la scolarité des élèves, contraints de prendre des repas froids.