La compagnie estime que le ralentissement de l'économie hors hydrocarbures, notamment des secteurs fortement dépendants de la dépense publique, et un climat des affaires peu favorable devraient continuer à pénaliser l'investissement privé. La Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur (Coface), qui a publié hier son guide risque pays, classe l'Algérie dans la catégorie C, qui concerne les pays à "risque élevé". La note C signale que les perspectives économiques et financières présentent des incertitudes et le contexte politique peut connaître de fortes tensions. Concernant l'environnement des affaires, l'Algérie est, également, classée à la catégorie C. La Coface estime que les bilans des entreprises sont couramment indisponibles et peu fiables. Le recouvrement des créances est aléatoire. Les institutions présentent de nombreuses insuffisances. L'accès au marché domestique et l'environnement des affaires sont difficiles. La Coface relève, par ailleurs, "la forte dépendance des hydrocarbures et les problèmes d'utilisation de cette rente", les "lignes de fracture entre le pouvoir et la population", le "taux de chômage des jeunes élevé", le "poids excessif du secteur public", les "lourdeurs bureaucratiques", les "faiblesses du secteur financie" et un "environnement des affaires problématique". Dans son analyse risque pays, l'assureur-crédit français constate que la hausse des cours du pétrole a permis à l'économie algérienne de reprendre de l'allant en 2018. Les recettes d'exportations d'hydrocarbures, qui représentent 93% des volumes exportés, se sont accrues, allégeant la pression sur les recettes budgétaires, et permettant, ainsi, au gouvernement de poursuivre sa politique de soutien à l'activité. A contrario, les volumes exportés ont baissé au cours de l'année, à cause du recul de la production "qui reste pénalisée par le manque d'investissement et l'arrivée à maturité des champs", affirme la Coface. En dépit d'un marché pétrolier qui devrait rester favorable aux exportateurs d'hydrocarbures, l'activité algérienne devrait légèrement ralentir en 2019, selon l'assureur-crédit. D'après la Coface, le gouvernement devrait bénéficier de marges de manœuvre budgétaire supplémentaires, "mais à la veille de l'élection présidentielle de 2019, ces dernières seraient axées sur des mesures sociales". Les transferts sociaux devraient, en effet, augmenter, ce qui soutiendrait la consommation des ménages, mais les dépenses d'investissements publics devraient marquer le pas. La Coface ajoute que le ralentissement de l'économie hors hydrocarbures, notamment des secteurs fortement dépendants de la dépense publique et un climat des affaires peu favorable, devraient continuer à pénaliser l'investissement privé. L'inflation devrait se stabiliser, mais à un niveau élevé (6,7% en 2019). Parmi les "points forts" de l'Algérie que la Coface met en relief, figurent, notamment, les importantes réserves de pétrole et de gaz, le potentiel dans les domaines des énergies renouvelables et du tourisme et la situation financière extérieure solide (très faible endettement extérieur, importantes réserves de changes). L'amélioration de la conjoncture pétrolière a favorisé une légère diminution du déficit public en 2018, qui devrait se poursuivre en 2019. "Il n'en demeure pas moins conséquent", relève la Coface. Les mesures de contrôle des importations combinées à une hausse des recettes d'exportations ont conduit à la baisse de l'important déficit commercial qui devrait se poursuivre en 2019 en dépit d'une légère hausse des importations. La Coface anticipe la poursuite de l'érosion des réserves de changes, "mais à un rythme moins rapide". La Coface évoque, également, l'élection présidentielle de 2019. "La campagne en préparation de l'élection présidentielle d'avril 2019 semble avoir déjà commencé en 2018 sans pour autant remettre en question le statu quo politique", note l'assureur-crédit français. "Bien qu'il ne se soit pas encore prononcé, le président Abdelaziz Bouteflika devrait, malgré son état de santé, briguer un cinquième mandat", anticipe la Coface. Pour le moment, ajoute-t-elle, "le chef de l'Etat ne semble pas avoir d'opposition, mais la période de faible croissance que traverse l'Algérie a commencé à avoir des répercussions sur le plan social. En dépit d'une politique distributive au détriment de la consolidation budgétaire, les manifestations tendent à se multiplier". Meziane Rabhi