L'assureur-crédit français qualifie l'environnement des affaires de difficile. La Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur (Coface), qui a publié hier son guide risque pays, a dégradé de B à C la note de l'Algérie concernant l'environnement des affaires. L'assureur-crédit français estime que les bilans des entreprises sont couramment indisponibles et peu fiables. Le recouvrement des créances est aléatoire. Les institutions présentent de nombreuses insuffisances. L'accès au marché domestique et l'environnement des affaires sont difficiles. Pour le risque pays, Coface maintient l'Algérie dans la catégorie C qui concerne les pays dont les perspectives économiques et financières présentent des incertitudes. Parmi les "points forts" de l'Algérie, la Coface met en relief les importantes réserves de pétrole et de gaz, le potentiel dans les domaines des énergies renouvelables et du tourisme, et une situation financière extérieure "solide" avec un "très faible" endettement extérieur et d'importantes réserves de change ». Concernant les "points faibles", l'assureur-crédit français pointe la "forte dépendance" aux hydrocarbures et les problèmes d'utilisation de cette rente, le taux de chômage "élevé", le poids "excessif" du secteur public, les lourdeurs bureaucratiques, la faiblesse du secteur financier et "les lignes de fracture entre le pouvoir et la population". Dans son appréciation du risque pays, la Coface constate que depuis 2014, le soutien public à l'activité a permis de limiter l'impact de la baisse du prix du pétrole sur l'économie algérienne. Mais, face à l'épuisement des ressources financières de l'Etat et la baisse des dépenses publiques, la croissance algérienne a ralenti en 2017. Même si le secteur pétrolier a enregistré une forte croissance au cours de l'année, il n'a pas compensé le ralentissement de l'activité hors pétrole. "En 2018, l'économie devrait continuer à ralentir", estime l'assureur-crédit, estimant que "la reconduite des quotas dans le cadre de l'accord Opep devrait limiter la croissance du secteur pétrolier déjà pénalisée par le manque d'investissement et l'arrivée à maturité de certains champs". La Coface table sur une croissance de 1,5% en 2018, estimant que "l'activité hors pétrole devrait montrer des signes d'essoufflement". Par ailleurs, l'assureur-crédit français indique que le recours au financement non conventionnel "aura pour conséquence une hausse des pressions inflationnistes domestiques alors que les barrières à l'importation tendent à accroître le prix des produits étrangers". La Coface prévoit un taux d'inflation de 6% cette année. La situation budgétaire continue de souffrir des conséquences de la baisse du prix du pétrole, note la société d'assurance-crédit. Le déficit public a légèrement diminué en 2017, mais reste à deux chiffres. Il devrait rester conséquent en 2018. La légère hausse du prix du baril au cours de 2017 a permis une augmentation des recettes fiscales, mais les dépenses n'ont que faiblement baissé, souligne la Coface, évoquant l'inflexion dans la politique budgétaire du gouvernement "faisant suite aux changements successifs de Premiers ministres au cours de l'année précédente". Pour l'assureur-crédit français, "alors que la légère hausse du prix du baril au-dessus de 50 dollars et l'augmentation des exportations devraient favoriser une augmentation des recettes budgétaires, elles ne compenseraient pas la politique expansionniste du gouvernement". Les exportations algériennes, composées principalement de pétrole, ont légèrement augmenté en 2017, note la Coface. Et cette hausse, bien que faible, devrait se poursuivre en 2018. "Mais le différentiel avec le besoin en importations du pays reste important", estime-t-elle. Les investissements directs étrangers (IDE) en direction de l'Algérie devraient néanmoins s'accroître. Par ailleurs, la Coface évoque le risque de contestation sociale. "Le ralentissement profond que traverse l'Algérie commence à avoir des répercussions sur le plan social, ce qui conduira le gouvernement à poursuivre sa politique généreuse de transferts sociaux au détriment de la consolidation budgétaire", souligne l'assureur-crédit français. Meziane Rabhi