L'Arabie saoudite, habituée à ouvrir grandes les vannes, a baissé sa production de 350 000 barils par jour en janvier dernier dans l'idée d'enrayer le surplus de pétrole sur le marché. C'est un fait indéniable. Cette diminution figure sur le rapport de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) rendu public hier. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ? Le royaume n'est pas en odeur de sainteté avec les Etats-Unis après l'affaire Khashoggi, a fortiori après les déclarations du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, qui a nié toute volonté des Etats-Unis de passer sous silence l'assassinat du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi. Les Américains continuent de lui rebattre les oreilles depuis de longs mois. Et Riyad utilise, semble-t-il, le pétrole comme moyen de pression potentiel pour desserrer l'étau dans lequel elle se trouve. Pour le moment, elle est dans de beaux draps. L'Arabie saoudite n'est pas le seul pays membre de l'organisation pétrolière à avoir coupé dans sa production. Les Emirats arabes unis, le Koweït ou encore l'Angola se sont aussi restreints sur cette période. Le Venezuela, touché par de graves troubles politiques, a encore vu sa production diminuer de 59 000 barils par jour. Beaucoup d'autres membres de l'Opep ont également diminué la leur. L'addition de toutes les baisses opérées a fait que l'Opep a retiré un volume appréciable du marché. En chiffre, la production totale de l'Organisation a atteint 30,81 millions de barils par jour (mbj) le mois dernier, soit 797 000 barils par jour de moins qu'en décembre, selon des sources secondaires citées par l'Organisation dans son rapport mensuel. L'Opep semble ainsi tenir sa promesse de pomper moins d'or noir, comme elle s'y était engagée en décembre dans le cadre d'un accord avec d'autres pays producteurs, notamment la Russie. Ces pays tentent donc de soutenir les cours, qui se sont effectivement repris ces dernières semaines après une chute en décembre dernier. L'Opep estime, par ailleurs, que les pays extérieurs à l'organisation devraient produire un peu plus que prévu cette année, avec une contribution plus importante que prévu en provenance du golfe du Mexique. Côté demande, l'Opep a légèrement revu à la baisse sa prévision de la croissance. Elle est désormais attendue à 1,24 million de barils par jour, contre 1,29 million de barils par jour auparavant, pour atteindre une demande moyenne de 100 millions de barils par jour en 2019. Ce changement fait suite à des prévisions économiques moins optimistes pour l'Amérique du Nord et l'Europe. Avec une dynamique économique qui devrait ralentir cette année, l'économie des principaux pays consommateurs représente un facteur-clé à surveiller, note l'Opep. L'Organisation dresse aussi la liste des incertitudes supplémentaires affectant la croissance de la demande de pétrole cette année. Y figurent les tensions commerciales, la substitution au pétrole d'autres énergies (notamment le gaz), ou encore les programmes de subventions ou d'économies d'énergie, notamment dans le secteur des transports. Pendant ce temps, les cours du pétrole se maintiennent dans une fourchette étroite autour de 60 dollars le baril. Le prix du panier de quatorze pétroles bruts, qui sert de référence à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, s'est établi, lundi 11 février, à 61,40 dollars le baril, contre 61,37 dollars, vendredi dernier. Youcef Salami