C'est une violente charge que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a livrée, hier, contre les partisans de la "continuité", à l'occasion de l'ouverture des travaux de la session extraordinaire du bureau politique de son parti. Dans son réquisitoire, elle s'en est prise, certes finement, aux partisans du statu quo, mais elle les a brocardés sans retenue. "La candidature officielle du président Bouteflika est une confirmation claire qu'il s'agit d'une crise mortelle du régime et non celle d'hommes", a-t-elle estimé, expliquant que pour les partisans de ce système, le moindre changement, même celui du candidat, peut détruire l'équilibre très précaire entre les forces en présence à l'intérieur du même système. "Ce système figé est dans une fuite en avant folle et incontrôlable", a-t-elle encore asséné. La SG du PT estime que les comportements pratiques des adeptes de la continuité sont "irresponsables et provocateurs", considérant qu'"ils sont incapables de voir les dangers", vu qu'ils sont "aveuglés par la pérennité de leurs intérêts". Très critique vis-à-vis du régime en place, Mme Hanoune s'est employée à battre en brèche "les arguments" des partisans de la continuité. Même si le PT n'a pas encore tranché sa position quant à la présidentielle, l'on pouvait déceler la prédominance des "abstentionnistes" au sein des instances de cette formation à travers le discours que sa secrétaire générale a tenu hier sur le rendez-vous du 18 avril. Cependant, Mme Hanoune ne se précipite pas à annoncer la position de son parti qui ne sera pas tranchée avant la fin du mois, soit à l'occasion d'une réunion du comité central qui aura à étudier toutes les propositions et les comptes rendus des pourparlers internes et externes menés par les militants. "La situation interne et externe actuelle est différente de celle de 2014", a dit Mme Hanoune, accablant, encore un peu plus, les partisans du 5e mandat qu'elle accuse de faire preuve "de mépris" et au comportement "moyenâgeux". "Avec leur comportement, ils disent, sans vraiment le savoir, que la crise ne sera pas résolue avec un vote organisé par des institutions en délitement avancé et c'est ce qui encourage les dérives", a-t-elle souligné, ajoutant que "ceux qui vivent dans la misère ne vont surtout pas accepter la continuité de la situation". Abordant quelques aspects de la détresse sociale, Mme Hanoune a dénoncé le licenciement de 12 syndicalistes de la Société nationale des travailleurs de la maintenance aérienne (SNTMA), le refus de l'agrément de la Confédération nationale des syndicats, alors que le syndicat du patronat a été aisément accepté, estimant que cela "prouve que les institutions sont au service de la minorité riche", saluant, au passage, la combativité toujours intacte des travailleurs, compte tenu des mouvements passés ou annoncés. Concernant l'opération de collecte des signatures et le recours au chantage et à la menace pratiqués par les partisans du chef de l'Etat, Mme Hanoune estime que "c'est un comportement totalitaire" qui menace "la démocratie politique", considérant que les organisations de masse sont hétérogènes et ne peuvent être conçues comme des formations politiques. "Dire qu'on va recueillir 2 millions de signatures en 20 jours relève du domaine de l'impossible", a-t-elle dit. À propos de la dernière sortie d'Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense, la SG du PT a dénoncé son immixtion dans la sphère politique, rappelant que ce même responsable a déclaré que "l'ANP ne s'immisce pas dans la politique", mais "il a commencé la campagne pour le 5e mandat". Concernant le projet de la conférence nationale proposée par le Président-candidat dans sa dernière lettre qu'elle a qualifiée d'"évasive", Mme Hanoune reste sceptique et s'interroge sur les probables participants. Pour Mme Hanoune, une telle proposition est déjà une reconnaissance de l'échec des "réformes" déjà engagées et la conférence n'aboutira qu'à une "régression supplémentaire". "Ceux qui ont des intérêts avec ce système ne vont pas se faire hara-kiri en engageant des réformes", a-t-elle expliqué, avant de défendre l'abstention lors des élections et non le boycott qui peut, selon elle, provoquer des dérives. Mohamed Mouloudj