Le Parti des travailleurs temporise toujours. Son bureau politique délègue la responsabilité du positionnement vis-à-vis de la présidentielle au comité central en raison d'une situation «compliquée». Les positions des militants sont actuellement «changeantes», assure Louisa Hanoune. Le regard qu'elle porte sur le contexte actuel est sans équivoque : la violence exercée par ceux qui veulent sauvegarder un «système putréfié» peut engendrer d'autres violences. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Toujours pas de prise de position au sein du Parti des travailleurs au sujet de sa participation ou pas au prochain rendez-vous électoral. La situation est actuellement trop «compliquée», estime sa secrétaire générale. Louisa Hanoune, qui présidait hier les travaux de la session extraordinaire du bureau politique du PT, explique que les membres de ce dernier ne disposaient pas encore d'assez d'éléments leur permettant de trancher en faveur d'une participation ou pas. Ils devront néanmoins discuter du bilan des consultations internes entamées par le parti afin de sonder sa base. A ce jour, explique la première responsable du Parti des travailleurs, elles sont «changeantes» et évoluent en fonction de la situation politique. Depuis la convocation du corps électoral, puis l'annonce de la candidature du Président en exercice, la scène politique, dit-elle, enregistre des développements qui ont intensifié les débats à l'intérieur du parti et avec les militants. Cela, dit-elle, pourrait aider le comité central à trancher en fonction de la réponse que la majorité des militants donnera à la question posée, à savoir quelle position le parti devrait adopter au sujet des élections qui lui permet «d'assumer ses responsabilités par rapport à l'enjeu central de la souveraineté et l'intégrité de la Nation». Le comité central dispose encore de près de deux semaines pour annoncer sa décision. Quelle que soit cette dernière, affirme Louisa Hanoune, le parti entrera en campagne politique intense avec comme thème central la souveraineté du peuple à travers l'élection d'une assemblée constituante pour, dit-elle, faire barrage aux dangers internes et externes qui menacent le pays dans une conjoncture très particulière. La candidature du Président en exercice, assure la numéro un du PT, confirme que le régime traverse une «crise mortelle» et non pas une crise d'hommes. Les équilibres au sein de ce régime, ajoute-t-elle, sont tellement fragiles que même le changement de candidat à l'intérieur même de ce système représente une menace qui pourrait «détruire les forces en présence» dans un système qu'elle a qualifié de «figé» et qui est réduit à faire de la fuite en avant. Les partisans de la «continuité» s'illustrent, déplore-t-elle, par des «comportements dévergondés et provocateurs» au moment où les médias étrangers publient des articles assassins et que le malaise est profond au plan interne. Les adeptes du statu quo feignent d'ignorer cette réalité, aveuglés par la recherche de la pérennisation de leurs acquis. A travers ces comportements, dit-elle, ils confirment que la crise ne se réglera pas avec des institutions en délitement et rompues à la fraude. La collecte des signatures au profit du candidat du système, dans un contexte qualifié de tendu, est «un danger mortel pour la démocratie» par l'achat et la vente des signatures et les pratiques totalitaires de certains responsables au niveau local. Des employés sont forcés de signer en faveur du candidat du système au moment où les syndicats et les organisations estudiantines font face à une caporalisation sans précédent. Hanoune dit ne pas croire aux annonces faites par les partisans du système au sujet de la collecte de deux millions de signatures. Même si les APC travaillaient nuit et jour, dit-elle, cela est impossible à réaliser en quelques jours. Même les ministres et le premier responsable de l'institution armée sont en campagne, remettant en cause le principe du libre arbitre. Que son parti prenne part à ces élections ou pas, le Parti des travailleurs aura son mot à dire au sujet de la conférence nationale à laquelle le président-candidat a appelé. Peut-on imaginer que ceux qui sont à l'origine de la crise puissent être à l'origine de la solution ? s'interroge Hanoune plus que sceptique. N. I.