Tous les observateurs très au fait du secteur s'accordent à dire que seule la production nationale peut réduire les importations de la poudre de lait. Mais en Algérie, les quantités de lait cru produites chaque année ne peuvent pas répondre actuellement à la demande nationale. Pis encore, la production locale de lait de vache, qui couvrait 35% de la demande nationale, a baissé pour n'en assurer que 25%. Ces 10% de pertes représentent en fait le volume qui n'est pas recensé, puisqu'il poursuit d'autres circuits que celui destiné à la production laitière. L'une de ses destinations est celle des crémeries. Or, le lait utilisé par ces commerçants doit être au préalable pasteurisé car il y a un risque de transmission de maladies telles que la brucellose, la tuberculose… Des acteurs de la filière, affiliés à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), réunis récemment, ont recommandé, d'ailleurs, le passage obligatoire du lait cru par les laiteries avant son utilisation par les crémeries, afin d'éviter toutes ces pathologies. L'autre recommandation, et pas des moindres, dégagée par les participants à cette réunion, a trait à la création par les laiteries de coopératives, tel que cela est pratiqué de par le monde. Tous les intervenants dans la filière feront partie ainsi de ces coopératives. Ces structures seront, de ce fait, composées d'éleveurs, de collecteurs, de transporteurs, de distributeurs et de laiteries. Celles-ci sont chargées de nombreuses tâches qu'elles ne doivent pas, en principe, assumer. La laiterie a pour mission de payer les subventions de l'éleveur et du collecteur, d'assurer l'alimentation de la vache,… autant de charges qui n'ont aucun lien avec sa vocation à savoir, entre autres, la pasteurisation, le conditionnement et la vente. "Toutes ces fonctions relèveront, par conséquent, de chaque coopérative qui gérera les subventions, disposera d'un guichet unique, d'un service vétérinaire, notamment les vaccins, l'aliment du bétail, etc.", expliquera Abdelwahab Ziani, président de la Cipa. Chaque groupe de laiteries créera ainsi une coopérative sous forme de société par actions (SPA) où l'on retrouve l'habitacle des fonctionnaires dont l'assurance CNMA, la Direction des services agricoles (DSA), la Direction du commerce… Pour leur implantation, les adhérents de la Cipa proposent trois bassins laitiers principaux. Le premier est à l'Est, précisément à Sétif, réputé pour être la première région productrice de lait en Algérie. Le deuxième endroit est envisagé soit à Tlemcen, soit entre Mostaganem et Oran. Le troisième se situerait au Centre, peut-être à Miliana, du moins dans la région de Chlef. Une coopérative est également prévue à Ghardaïa pour le nombre intéressant d'investissements projetés dans cette wilaya. Par ailleurs, les laiteries ont émis le vœu de la suppression de la TVA sur les produits laitiers afin d'être accessibles aux consommateurs. En ce qui concerne les investissements pour la production du lait cru, les investisseurs recommandent la bonification des intérêts à un taux de 0%, afin d'encourager les laiteries à doubler la productivité de lait cru. Ce qui, par voie de conséquence, diminuera davantage la facture des importations de la poudre de lait. Notre pays, faut-il le souligner, est un grand importateur de poudre de lait, avec un volume de 50% de ses besoins importés, pour un montant de près de 1,4 milliard de dollars. L'Algérie produit annuellement quelque 3,5 milliards de litres de lait, pour un marché estimé à environ 4,5 milliards de litres, soit un déficit de 1 milliard de litres comblé par les importations. La poudre de lait importée par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), qui atteint actuellement plus de 400 000 tonnes/an, est subventionnée, faut-il le préciser, par l'Etat dans le but de combler le déficit enregistré par la production locale et elle est destinée principalement aux laiteries pour la production du lait en sachet. Quant aux quantités de lait cru collectées, elles ont augmenté, passant de 100 millions de litres à 833 millions de litres en 2017. B. K.