La rue continue de gronder contre un 5e mandat pour l'actuel chef de l'Etat. Après une première marche réussie mercredi 14 février, des dizaines de jeunes de Bordj Bou-Arréridj ont, à nouveau, battu le pavé de leur ville, vendredi 15 février, pour exprimer leur rejet d'un renouvellement de bail à M. Bouteflika à la tête de l'Etat. Les marcheurs ont scandé plusieurs slogans comme "Non au 5e mandat" ou encore "Non la mafia politico-militaro-financière". Le meneur de cette action de rue, le blogueur Brahim Laâlami, 26 ans, a été arrêté par la police pour organisation d'une manifestation publique sans autorisation et entendu, avant d'être relâché hier après-midi. S'exprimant juste après sa sortie du commissariat central, le jeune blogueur lance, droit dans ses bottes : "À ceux qui veulent étouffer ma voix, je dis que je suis toujours là et contre le 5e mandat." Et d'ajouter : "J'ai été entendu sur des faits que je n'ai pas contestés. Regardez ce qui se passe. Je suis toujours là. Et on sera là le temps qu'il faudra pour dire, pacifiquement, non au 5e mandat." Nombre d'avocats comme Me Salah Dabouz ou encore Me Abdelghani Badi ont montré leur disponibilité à défendre le jeune blogueur, estimant que "la manifestation contre le pouvoir n'est pas un crime ou une accusation punie par la loi". À Annaba, c'est aussi un bis repetita. Après le sit-in contre le 5e mandat observé par certaines figures de la société civile jeudi en plein centre-ville, sur le fameux cours de la Révolution, c'est au tour des supporters de l'USM Annaba et de l'USMH — ces deux équipes qui se sont affrontées vendredi au stade du 19-Mai-1956 — de scander des slogans hostiles au gouvernement et particulièrement à ceux qui tentent d'imposer la candidature de Bouteflika à sa propre succession. Les jeunes surexcités des deux virages nord et sud ont entonné de véritables chants de guerre contre les pseudoreprésentants de la société civile à Annaba qui ont osé solliciter, en leur nom, le président Bouteflika à briguer un autre mandat. Déçus par le faux pas de leur équipe, les supporters de l'USM Annaba, encadrés par des policiers en civil, ont marché depuis l'esplanade du stade jusqu'à l'entrée de la cité Djabanet-Lihoud en criant "Makanch ouhda khamssa" ou encore "Dzayer maâmra boubyet". Dans la matinée d'hier, près d'une centaine de personnes se sont rassemblées devant l'esplanade du jardin du 1er-Novembre à Aïn Beïda, pour exprimer leur rejet d'un 5e mandat pour le président Bouteflika. Dès l'entame du sit-in, peu après 10h, la police a enlevé aux manifestants des pancartes sans toutefois pouvoir les dissuader de scander des slogans comme "Non au 5e mandat", "Je suis Algérien, je suis libre" ou encore "L'Algérie libre, démocratique". Les forces de police ont, selon des sources locales, "arrêté 6 jeunes parmi les manifestants, dont le responsable local du CNDDC" (Comité national de défense des droits des chômeurs) avant de les relâcher l'après-midi. Le sit-in s'est dispersé vers 11h30. À signaler que des supporters de la JSD à Jijel comme ceux de l'US Biskra et de la JSM Tiaret ont profité, eux aussi, des rencontres disputées par leurs équipes respectives pour exprimer leur opposition au 5e mandat. A. C. avec correspondants