Un rassemblement de protestation a été organisé dimanche devant le consulat général d'Algérie à Montréal. La pluie verglaçante de la matinée qui a rendu la circulation difficile n'a pas dissuadé les Algériens de se mobiliser en grand nombre contre le 5e mandat et le système. Vers 11h, les manifestants arrivaient par petits groupes, dont des familles avec enfants. Mais très vite, le parc où devait se tenir le rassemblement est devenu noir de monde, débordant même sur la chaussée. À tel point que la police de Montréal a été obligée de fermer à la circulation certaines rues menant au lieu de la manifestation. L'appel à manifester a été répercuté sur les réseaux sociaux. Aucune affiche n'a été placardée dans les lieux publics. Les organisateurs ont annoncé plus de 2 000 manifestants. De simples citoyens et des militants politiques et associatifs, mais aussi des représentants du mouvement Mouwatana, arrivés les premiers, veillaient au grain. Enveloppé dans l'emblème national, un organisateur haranguait la foule avec un discours amplifié par mégaphone. "Nous sommes mobilisés aujourd'hui pour dénoncer le 5e mandat et dire notre rejet du système politique qui a humilié l'Algérie", a-t-il tempêté. Les manifestants ont déployé des banderoles barrées par des slogans hostiles au pouvoir. "Le peuple dit non au 5e mandat", "Système, dégage", "L'armée dans les casernes", "Non à l'humiliation", pouvait-on lire, entre autres, sur des pancartes. La foule, qui grossissait à vue d'œil, s'égosillait à reprendre les slogans entendus partout en Algérie. Les initiateurs de l'action de protestation scandaient à tue-tête des mots d'ordre, repris en chœur par les manifestants. "Ulac smah ulac (pas de pardon)", "Algérie libre et démocratique", scandait-on. Des jeunes dont certains sont nés et ont grandi au Canada ont pris part à la manifestation pour dénoncer le régime de Bouteflika qu'ils n'ont pourtant pas subi. "Y en a marre de ce pouvoir, Bouteflika dégage", "FLN, your game is over (FLN, ton jeu est terminé)", ont-ils vociféré. L'image de cette jeunesse contestataire native dans un environnement de liberté et de démocratie renseigne sur le degré d'humiliation de la nation qui fait réagir même des jeunes et des ados nés à 7 000 km de l'Algérie. Des chants patriotiques meublaient aussi la grandiose manifestation. Deux manifestants ont brandi des cadres, tandis qu'un autre a exhibé un boudin de cachir qu'il agitait devant le consulat. Vers 13h, alors que la pluie reprenait de plus belle, les manifestants commençaient à se disperser dans le calme et avec le sentiment du devoir accompli, car pour les organisateurs, c'est "un devoir pour tout Algérien, où qu'il soit, de manifester son indignation et son rejet de cette humiliation de trop". Pour eux, le combat continue.