Relativement passif jusque-là sur les attaques des députés de l'opposition contre le gouvernement et particulièrement le président de la République, lors du débat sur la déclaration de politique générale en cours depuis lundi, le président de l'APN est sorti de sa réserve quand Youssef Adjissa, élu du MSP, a regretté que le chef de l'Etat finisse sans dignité, rejeté par les citoyens. "Nul n'a la tutelle sur le peuple, surtout pas ceux qui prennent un train déjà en marche", a invectivé Mouad Bouchareb. Et de poursuivre : "Vous n'avez pas le droit de critiquer le président de la République. C'est une ligne rouge que je ne vous laisserai pas franchir dans une assemblée qui lui est acquise." Quelques minutes auparavant, Saïd Zouar, également député du MSP, a été fortement chahuté par les occupants des travées réservées au FLN et au RND lorsqu'il a lancé : "Nous rêvons d'un Président qui exerce réellement ses prérogatives." En résumé, le 5e mandat a focalisé totalement le débat général auquel 294 parlementaires se sont inscrits. Partisans et pourfendeurs se sont affrontés, parfois avec fracas. Autistes au grondement de la rue, les élus de la majorité ont défendu le président de la République. Leurs collègues de l'opposition ont égrené ses échecs. Samia Azzoug, élue FLN de Béjaïa, a évoqué les violences intégristes des années 90 pour se permettre de conférer au chef de l'Etat le mérite du rétablissement de la paix. "Nous ne laisserons personne nous replonger dans la braise du terrorisme", a-t-elle menacé. Sa collègue du RND, Fatiha Mosli, a brandi aussi cet épouvantail dans une tentative de calmer l'ardeur des manifestants, sans jamais en faire clairement allusion. "La paix est une bénédiction. N'en faisons pas une malédiction". Mansoura Tikouk et Fatiha Tari (FLN) se sont carrément substituées au Premier ministre en sériant ce qu'elles considèrent comme de grandes réalisations du "moudjahid Abdelaziz Bouteflika", dont la délivrance de passeports biométriques et la numérisation des registres de la justice. La réplique de Brahim Benadji, député indépendant de Béjaïa, est cinglante. "Le peuple ne fera pas marche arrière. Démissionnez." Les parlementaires du PT ont été particulièrement virulents. "Arrêtez de nous mentir", a asséné Nadia Chouiter. "Vous osez dire que les urnes trancheront entre les candidats, alors que vous utilisez le Parlement pour défendre la candidature du Président", a-t-elle complété. "Vos échecs ont poussé des jeunes à mourir en mer, des journalistes à pourrir dans les prisons et des Algériens affamés... réveillez-vous, le peuple n'est plus soumis", a surenchéri sa collègue Nadia Yafsah. La promotion du 5e mandat dans l'enceinte de l'Assemblée populaire a été dénoncée aussi avec vigueur par Lakhdar Benkhelaf, du parti Adala. "La déclaration de politique générale a perdu de son caractère constitutionnel pour devenir un document de campagne électorale anticipée", a-t-il relevé. Hors sujet, Nordine Aït Hamouda a engagé une passe d'armes avec ses collègues de la mouvance islamiste en les traitant de terroristes. Il a donné raison à la ministre de l'Education qui, à son avis, veut extraire l'école algérienne de l'endoctrinement religieux. Souhila Hammadi