"En annonçant que Bouteflika est une ligne rouge, le président de l'APN a donné une autre preuve que ce régime tire sa force de la répression", a dénoncé la députée du RCD, Fetta Sadat. La séance d'avant-hier après-midi de la plénière de l'APN consacrée aux interventions des députés a été marquée, notamment, par une passe d'armes entre les députés de l'opposition et ceux de la majorité. Le président de l'Assemblée, qui a mis comme ligne rouge la critique du chef de l'Etat et de son bilan que le Premier ministre a présenté quelques jours auparavant, a mis en émoi les élus de l'opposition qui voient en cette décision un acte de censure, une atteinte à la liberté d'expression et à l'opposition. Me Fetta Sadat, députée du RCD, a estimé que la réaction du président de l'APN et des autres députés de la majorité est la preuve qu'une "institution constitutionnelle est détournée de sa vocation première" qui est "l'écoute des aspirations du peuple". L'avocate a également dénoncé "l'utilisation de l'Assemblée pour la campagne du Président candidat", soulignant que "les chiffres fantaisistes présentés dans la déclaration de politique générale remontent jusqu'à 1999, soit l'année du retour aux affaires de Bouteflika". Elle considère que le timing choisi "n'est pas fortuit", estimant qu'une "Assemblée qui n'écoute pas le peuple est non représentative". Concernant le président de l'Assemblée, Mouad Bouchareb, Me Sadat a estimé qu'il n'a pas su gérer les débats. "En annonçant que Bouteflika est une ligne rouge, le président de l'APN a donné une autre preuve que ce régime tire sa force de la répression", a-t-elle encore dit, considérant que le député "devrait être libre", car "il est la voix du peuple qui l'a élu". Pour la députée, "le respect du peuple, c'est être à l'écoute de ses aspirations, et c'est la ligne rouge à ne pas dépasser". Nadia Yefsah, députée du Parti des travailleurs, a été particulièrement virulente contre les agissements du président de l'Assemblée. "Il n'a aucun droit d'orienter le débat", a-t-elle dit, estimant qu'il n'est surtout pas du ressort du président de l'Assemblée de dicter aux députés l'angle de leurs interventions. "Ils ont osé présenter un bilan du système, mais ils ont, volontairement, omis de souligner que les ratages sont particulièrement visibles, grands et dangereux", a-t-elle souligné, considérant que ce que le régime se donne comme liberté, il l'interdit, en même temps, à l'opposition. "Ils ont présenté un bilan en guise de campagne pour la continuité, mais ils refusent que cette même campagne soit critiquée." Mme Yefsah a, par ailleurs, ajouté que les manifestations populaires sont "un cri d'alerte face à un régime putréfié qui doit partir". Il faut noter que le FFS a décidé de boycotter les débats sur la déclaration de politique générale du gouvernement. Lors des débats d'hier, le député de Béjaïa, Khaled Tazaghart, a estimé, dans son intervention, que la situation actuelle du pays "nous dicte d'être très vigilants". Il a souligné que "la mise sur pied d'une Assemblée constituante qui gérera une courte période transition, avec un report de l'élection présidentielle, serait une des solutions les plus plausibles à la crise". Mohamed Mouloudj