Le tourisme dans ce pays voisin n'est pas seulement synonyme de plages. Le désert y est valorisé et exploité dans ses moindres recoins. Dans cette ville où le passé se confond avec le présent, Tozeur, capitale de Jerid est une immense palmeraie de 1000 hectares où quelque 266 000 palmiers, irrigués par 200 sources, produisent les meilleures dattes de Tunisie "Deglet Nour". Singulière par son architecture, Tozeur est ramassée autour de la place du marché avec ses minarets typiques. Elle possède une oasis abritant une vingtaine de villages. Plusieurs sources se réunissent à Ras El Aïoun pour donner naissance à une véritable rivière qu'un habile système d'irrigation imaginé par le célèbre mathématicien, enfant de la région, Ibn Chabat,arrose. Rencontré à la Maison de la culture de la ville, baptisée au nom du poète Abou Kacem Echabi, enfant de Tozeur, Me Bey Mohamed Lazhar, professeur à l'université de Tunis, nous a longuement entretenu des personnages qui ont marqué le passé de cette ville et fait sa gloire. Le récit commence par Abou Mohamed Abdallah Echakratsi au Vme siècle, poète et historien, pour passer à Abou Marouan Kartabous, conteur au VIme siècle, jusqu'à Ibn Chabat. Ce dernier est né à Constantine (Algérie) où son père avait émigré et s'est marié avec une Algérienne. À 4 ans, Ibn Chabat rejoint Tozeur pour ne plus la quitter. Au VIIme siècle, cet illustre personnage, linguiste, poète, homme de lettres, historien, ingénieur en hydraulique et mathématicien, a marqué l'histoire de sa ville par le biais d'un judicieux système d'irrigation unique en son genre qui a assuré à Tozeur sa prospérité. Vient ensuite, et bien plus tard, Abou Kacem Echabi pour allonger la liste des inoubliables et si les Tunisiens retiennent de lui l'hymne national du pays, nous autres retenons aussi un couplet des plus sensibles : " Douce tu es, comme l'enfance, comme les rêves, comme la musique, comme le matin nouveau, comme le ciel éblouissant, comme la nuit de pleine lune, comme la lune, comme la rose, comme le sourire d'un enfant". Si Tozeur est visitée chaque année par des milliers de touristes, c'est que l'endroit vaut bien le détour et c'est le cas de le dire en cette fin d'année 2002 où plus de 4 000 touristes ont assisté à l'inauguration du festival des oasis dans sa 24me édition. Mêlées aux autorités locales, aux habitants de la région et aux plusieurs délégations de presse arabe et étrangère, plus de 20 000 personnes ont admiré, les yeux ébahis, une parade somme toute particulière. Celle-ci a retracé dans les moindres détails l'épopée de cette ville. Le spectacle a été concocté par l'artiste cinéaste Abdelatif Khalil en sa qualité de directeur artistique du festival, avec le concours d'historiens. Le festival s'est étalé sur quatre jours et s'est poursuivi avec des fantasias, des spectacles, des pièces de théâtre, des conférences sur l'histoire et des visites sur sites . Tozeur s'érige inéluctablement en Eden du désert. Mais les oasis de la Tunisie sont aussi Nefta, perles de Jerid. L'antique Nepte est à peine à quelques lieues de Tozeur à la lisière d'un plateau dénudé et érodé par les vents de sable. De loin Nefta apparaît tel un tapis vert de palmiers qui la constituent, avec des ruisseaux interminables et des villages d'une architecture biblique qui a attiré plus d'un cinéaste à venir tourner en ces lieux. Les oasis c'est aussi "Gafsa" avec ses montagnes aux dentelures ocre et une plaine blonde superposée par la verdure. Si Gafsa est considérée comme la capitale du phosphate par excellence, exploité dans les mines de Metaloui, Moularès , S'hib, il n'en demeure pas moins un verger où grâce aux eaux bien distribuées de l'oued Bayech, les arbres fruitiers poussent drus. Et si oasis rime avec désert, le sud tunisien se démarque aussi par trois petites oasis juchées sur les cimes des montagnes. Chébika, l'ancienne Ad Speculum romaine qui était un poste de garde et d'observation sur la route de Tocape, actuelle Gabès connue par ses fameux palmiers assouvis par les eaux des cascades et sources. Tameghza, quant à elle, connue par de surprenantes cascades en plein désert, se barricade derrière une chaîne de montagnes de granit qui semble suspendue sur les flancs d'un gigantesque canyon. De plus en plus abandonnée, la vieille ville offre un spectacle étrange d'un village qui dort. C'est pourtant bien en ces lieux que de nombreux cinéastes viennent tourner des scènes bibliques et c'est aussi non loin de là, à Matmata, un paysage insolite formé de cratères, que Georges Lucas a tourné son film La Guerre des étoiles (Star Wars II). C'est ici également que furent saisies les séquences du film aux neufs Oscars, Le Patient Anglais, réalisé par Anthony Minghella. A Midès, par contre, on y trouve de nombreux débris et témoins de la dextérité des races humaines qui nous ont précédés : dans les abris et les foyers où les silex taillés, spatules ou pointes en os, fragments de poteries ou œufs d'autruches décorés se trouvent parfois mêlés à de véritables fossiles. Mides c'est aussi un petit village perché surplombant une oasis. En quittant les oasis d'El Oudjdane, commence la traversée du Chott où une kyrielle de villages annonce Kébili ,le chef- lieu d'un archipel d'oasis perdu dans un océan de sable. A son tour, Kébili représente la plus saharienne du sud tunisien Douz. Un village typiquement désertique entouré de vraies dunes de sable, qui continue à garder jalousement ses us et coutumes ancestrales. Son marché du jeudi, dont se vantent les habitants de la région, son artisanat de peaux des dromadaires, ses bijoux berbères et l'élevage célèbre du Slougui (lévrier), en font un véritable musée à ciel ouvert. De retour à Tozeur, après une balade au luxueux hôtel de Palm Beach (Sofitel, Accord & Resort), nous ne sommes pas du tout surpris de croiser le ministre français de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, accompagné de son épouse. « Désolé, le ministre est en vacances » voilà ce que nous a valu notre tentative de l'approcher . Après tout, le ministre est venu « se détendre », tout comme le président tunisien. Zine El Abidine Ben Ali, lui aussi, accompagné de son épouse, ont choisi pour leurs vacances autre qu'une station balnéaire en se mêlant humblement au reste des touristes. C'est dire que la Tunisie n'est pas seulement Sousse, Jerba et Hammamet. C'est un ensemble de paysage paradisiaque que le Tunisien a su exploiter pour que ce pays devienne le pole le plus attrayant du nord de l'afrique. N.S. Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) 20 millions de dollars pour la promotion Hormis le budget annuel consacré au ministère du Tourisme et du Commerce, l'Etat tunisien dégage également un budget spécial promotion touristique. Cela signifie, selon Me Benhassen représentant de l'ONTT en Algérie, la volonté ferme de promouvoir l'image du pays dans son ensemble sans privilégier une région ou une ville par rapport à une autre. Et si le secteur du tourisme est indissociable de celui du commerce, c'est que les Tunisiens considèrent le tourisme comme étant la locomotive de leur économie. Et ça leur réussit bien puisqu'ils enregistrent 5 millions de touristes annuellement. L'année 2002, cependant, a connu une baisse de 10% que les Tunisiens imputent aux évènements du 11 septembre. L'occasion aussi pour ce pays qui a plus de 40 ans d'expérience dans le domaine du tourisme de se remettre en question et revoir ses cartes. Les nouvelles donnes en marketing imposent aux Tunisiens de se mettre au diapason des nouvelles exigences de revoir leurs produits, de le modifier pour rester attractif et, pourquoi pas, de cibler une autre clientèle que des Occidentaux. En attendant, certaines destinations en Tunisie restent inconnues et inaccessibles aux Algériens. À qui donc incombe cette lacune ? N. S.