New Delhi accuse de longue date son voisin de soutenir les infiltrations et la lutte armée dans la partie du Cachemire sous contrôle indien. Le Pakistan a libéré hier un pilote indien capturé cette semaine après des combats aériens au Cachemire, un "geste de paix" à l'égard de l'Inde qui pourrait marquer un apaisement de la crise entre les deux puissances nucléaires. La poussée de fièvre entre les deux frères ennemis d'Asie du Sud a vu cette semaine leurs avions de chasse s'affronter et procéder à des incursions en territoire adverse pour la première fois depuis des décennies, suscitant l'alarme de la communauté internationale qui redoute un conflit ouvert. La libération du lieutenant-colonel Abhinandan Varthaman, annoncée au lendemain de sa capture par le Premier ministre pakistanais Imran Khan, a été présentée comme un "geste de paix" en direction de l'Inde après plusieurs jours de crise aiguë. Pour autant "notre désir de désescalade ne devrait pas être interprété comme une faiblesse" par le Premier ministre indien, le nationaliste hindou Narendra Modi, a mis en garde Imran Khan. La remise du pilote a eu lieu en milieu d'après-midi (vers 10h00-11h00 GMT) en un lieu hautement symbolique, le poste-frontière de Wagah, situé entre les grandes villes de Lahore (Pakistan) et Amritsar (Inde). Entre les deux voisins rivaux depuis leur indépendance en 1947, l'étincelle est encore une fois partie de la région poudrière du Cachemire, pomme de discorde du sous-continent. L'Inde et le Pakistan revendiquent tous deux cette zone montagneuse à majorité musulmane et se sont déjà livré deux guerres à son sujet. D'intenses tirs d'obus y étaient signalés des deux côtés de la ligne de démarcation vendredi, selon des responsables locaux. Une femme a été tuée et un soldat indien blessé depuis jeudi, selon la police indienne. New Delhi accuse de longue date son voisin de soutenir les infiltrations et la lutte armée dans la partie du Cachemire sous contrôle indien. Cette rébellion a durement frappé l'Etat indien lorsqu'un attentat suicide a tué au moins 40 paramilitaires le 14 février, attaque la plus meurtrière depuis le début de l'insurrection séparatiste en 1989. Narendra Modi, qui cultive une image d'homme fort et briguera au printemps un second mandat, s'est alors retrouvé sous pression d'une opinion publique et de commentateurs réclamant vengeance. L'armée indienne a mené mardi une "frappe préventive" contre ce qu'elle a présenté comme un camp d'entraînement en territoire pakistanais du mouvement islamiste Jaish-e-Mohammed (JeM), qui avait revendiqué l'attentat contre les paramilitaires. Dans les affrontements aériens qui ont suivi le lendemain, l'armée pakistanaise a affirmé avoir abattu deux avions indiens et capturé un pilote. Le Pakistan a diffusé des vidéos du pilote prisonnier, devenu instantanément le visage humain de cette crise au Cachemire, assurant l'avoir bien traité. R. I./Agences