Le mouvement estudiantin s'affirmant désormais comme une locomotive de la révolte populaire contre le 5e mandat du Président candidat et contre le système, les étudiants de Bouira passent à une autre phase, celle de la structuration. En effet, et lors d'une assemblée générale organisée hier au département de langues de l'université Akli-Mohand-Oulhadj, l'ensemble des étudiants ont convenu de la "nécessité" de structurer leur mouvement et d'organiser leurs actions, afin de les inscrire dans la durée. "Nous sommes partie prenante de la société dont nous sommes une partie de l'avant-garde, et il convient aujourd'hui de prendre nos responsabilités devant l'Histoire", ont-ils soutenu lors d'une prise de parole. Cependant, et selon les différents intervenants, les marches organisées de manière quasi quotidienne, depuis le 26 février dernier, devraient, selon eux, être mieux encadrées, plus structurées, pour éviter l'essoufflement. "Marcher pour marcher n'est pas notre but. Nos revendications sont celles de tout un peuple et, de ce fait, nous avons un devoir moral envers lui", soulignera Kaci Saïdani, l'une des figures de proue de la communauté estudiantine à l'échelle locale. Selon lui, l'AG d'hier visait à jeter les jalons d'une contestation plus réfléchie et mieux concertée. "Le destin de toute une nation et de son peuple se joue sous nos yeux et on ne peut se permettre d'être de simples figurants, mais nous escomptons être une véritable force de frappe pour faire tomber le système", a-t-il indiqué. Après des débats animés et parfois vifs, qui ont permis d'aplanir les divergences quant aux modalités de conduite de ce mouvement, une série de mesures ont été adoptées. En effet, dans une déclaration rendue publique, il a été décrété une grève générale illimitée à l'université de Bouira, la formation de comités au sein des divers départements du campus dans le but d'élaborer une plateforme d'action pour les jours et les semaines à venir, l'instauration des comités d'étudiants ayant pour mission de véhiculer les revendications populaires, la mise en place d'une cellule de veille et de suivi des actions à venir et, enfin, la mise sur pied d'une commission ayant pour objet de plancher sur d'autres moyens de contestation, tels que des sit-in permanents. "Nous ne sommes pas dupes face au jeu du pouvoir qui espère la moindre incartade pour nous réprimer et, de ce fait, nous devons rester vigilants et surtout faire preuve de calme et de sang-froid", précisent les rédacteurs dudit document. Un peu plus tôt dans la journée, les enseignants affiliés au Conseil national de l'enseignement supérieur (Cnes) ont observé un sit-in devant le siège du rectorat de l'université de Bouira dans le but de joindre leur voix à celle du peuple. "La Constitution a été violée à de multiples reprises et la candidature de Bouteflika constitue une énième violation de la Loi fondamentale", a indiqué Youcef Outafat, coordinateur du Cnes à Bouira. Lors de ce rassemblement, il a été décidé que les enseignants et les étudiants allaient travailler "main dans la main" pour faire "chuter le régime" et passer à une deuxième République. Enfin, les étudiants, tout comme les enseignants, ont battu le pavé jusqu'au siège de la wilaya pour dire "Non à la suprême humiliation" infligée au peuple.