Une table ronde a été organisée avec pour thème principal un débat autour du bateau, le Stanbrook, et l'exil des républicains espagnols à Oran. La ministre a mis l'accent, durant son intervention, sur l'exil et la mémoire, rappelant que cette célébration se déroule à travers 100 événements au niveau de 43 villes du monde entier. aLa ministre de la Justice espagnole, Dolores Delgado Garcí, était, avant-hier, à Oran pour assister à la commémoration du quatre-vingtième anniversaire de la fin de la guerre civile en Espagne et de l'exil des républicains après la victoire des forces franquistes. Une table ronde a été organisée, à l'occasion, à la Chambre de commerce d'Oran avec pour thème principal un débat autour du bateau, le Stanbrook, et l'exil des républicains espagnols à Oran. La ministre a mis l'accent durant son intervention sur l'exil et la mémoire, rappelant que cette célébration se déroule à travers cent événements au niveau de 43 villes du monde entier. Dolores Delgado Garcí est revenue sur cette période "une histoire longtemps tue", regrettant que la mémoire de ces hommes et femmes ait été occultée. "L'Etat doit se rappeler ces réfugiés pour honorer leur mémoire", indique-t-elle, ajoutant qu'"il est temps de leur demander pardon de les avoir oubliés". À travers le choix d'Oran, l'Espagne veut se réconcilier et récupérer cette mémoire et à la ministre de faire le mea culpa de son gouvernement. "80 ans, c'est beaucoup et des milliers de personnes sont mortes en attendant la reconnaissance de cette mémoire." Pour sa part, le directeur général de Cervantès, Luis García Montero, a évoqué l'importance d'Oran pour "les exilés espagnols et tous les Espagnols" ; quant au directeur général de la mémoire historique, Fernando Martínez, il a regretté que cet exil vers Oran n'ait pas été suffisamment mis en relief. Il a aussi abordé le sujet des camps de concentration ouverts un peu partout en Algérie par les autorités coloniales françaises, notamment à Oran, Relizane et Djelfa. Des camps qui ont été fermés par la suite après la victoire des Alliés, lors de la Seconde Guerre mondiale. Il explique que l'Algérie était d'abord un pays de transit pour les exilés espagnols qui tentaient de rejoindre l'Argentine, le Mexique, le Chili ou encore les USA. Sous le titre "Les exilés espagnols du Stanbrook", la professeure Saliha Zerrouki Rafael Torres et la directrice de l'institut Cervantès d'Oran, Inmaculada Jiménez, ont, entre autres intervenants, rappelé l'aventure du dernier bateau de l'exil, le Stanbrook, un charbonnier britannique, qui en 1939, quelques jours seulement avant la fin de la guerre civile, emporta plus de 2600 personnes depuis le port d'Alicante vers Oran. Dans l'après-midi, une cérémonie a été organisée au siège de l'institut Cervantès, dont la bibliothèque sera baptisée du nom du photographe Francesc Boix, en présence de la délégation espagnole et de l'historien et biographe de Boix, Benito Bermejo. Francesc Boix est un photographe espagnol (Barcelone, 1920 - Paris, 1951), déporté en 1941 depuis la France vers le camp de concentration de Mauthausen (Autriche), où il travailla dans son laboratoire photographique ; là, il put soustraire des clichés qui reflétaient la réalité du camp et l'extermination des prisonniers par les SS. Les images récoltées furent versées comme preuves pour condamner divers chefs nazis lors des procès de Nuremberg et de Dachau en 1946. Saïd OUSSAD