Les appels à la grève générale devenus de plus en plus persistants ces derniers jours ont créé un autre épisode de frénésie alimentaire chez de nombreux citoyens. Ce débrayage national annoncé à partir d'aujourd'hui jusqu'au 14 du mois en cours par la Confédération syndicale des forces productives (Cosyfop), réitéré par des anonymes, a contraint les ménages à constituer chez eux des stocks de produits de grande consommation. Depuis quelques jours déjà, le marché, à travers tous ses segments, a enregistré une activité commerciale intense. Fait inédit en cette période de l'année, les commerçants ont vu leurs étagères se vider après le rush des consommateurs sur les divers espaces commerciaux. Un propriétaire d'une supérette a avoué avoir épuisé presque tous ses approvisionnements ; un phénomène qu'il n'a jamais connu depuis 4 ans. La demande sur les produits alimentaires a augmenté ces derniers jours de plus de 40%, estime le président de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca), Hadj Tahar Boulenouar. S'en est suivie aussitôt une pénurie de ces denrées alimentaires sur les étals. Ce qui, par effet mécanique plutôt négatif, a provoqué une hausse des prix notamment des fruits et légumes se situant entre 20 et 30 DA/kg. Une telle situation profite, sans nul doute, aux spéculateurs parmi les commerçants indélicats qui saisissent cette chance inouïe pour augmenter les prix des aliments très prisés dont les légumes secs, les pâtes alimentaires, l'huile, le sucre, le café, le lait, la semoule, la farine, les conserves... Une chose est certaine, aucune organisation de commerçants n'a fait sien cet appel à la grève nationale. Car, ils savent pertinemment que s'ils prennent part à cette action de protestation, la seule victime sera le consommateur. C'est lui qui subira les méfaits de cette rareté des produits alimentaires. Et ce ne sont surtout pas les pouvoirs publics qui lui viendront en aide. D'où la décision prise hier par l'Anca de laisser ouverts tous les marchés de gros et de détail, ainsi que les commerces durant tous les jours de la semaine. "Nous tenons à rassurer l'ensemble des citoyens que les commerçants grossistes et les détaillants vont travailler pendant toute la semaine. Il n'y aura pas de pénurie de produits alimentaires. Il n'y a pas lieu de s'affoler pour constituer des stocks chez vous", rassure Hadj Tahar Boulenouar. L'Anca a instruit tous ses adhérents à ouvrir leurs locaux aux citoyens et de satisfaire au maximum leurs besoins. En ce qui concerne la participation aux marches hebdomadaires, M. Boulenouar affirme que chaque commerçant est libre, pourvu que ce ne soit pas au détriment du consommateur. En termes plus clairs, les marchands peuvent s'organiser pour rejoindre les marchés et les… marches hebdomadaires. Pour sa part, l'Association de protection et d'orientation des consommateurs (Apoce) a lancé un appel aux citoyens pour qu'ils fassent preuve de sagesse et de modération dans leurs achats. Pour son président, Mustapha Zebdi, cette ruée des citoyens vers les surfaces commerciales engendre des perturbations sur le marché, voire une instabilité au sein de la société. La "fièvre acheteuse", qui s'empare actuellement de certains consommateurs, provoque une flambée soudaine des prix conséquente de la crise de ces marchandises.