Le chef de l'Etat, qui demeurera ainsi en poste au-delà de la limite de son mandat actuel, propose la tenue d'une conférence nationale "inclusive" qui sera chargée de préparer une nouvelle Constitution et d'organiser une élection présidentielle. Abdelaziz Bouteflika n'a pas résisté longtemps à l'épreuve de la rue. Une journée après son retour d'un long séjour médical, le chef de l'Etat a annoncé renoncer à briguer un cinquième mandat, reporter l'élection présidentielle et proposer la tenue d'une conférence nationale inclusive qui aura comme première charge de préparer une nouvelle Constitution et d'organiser l'élection présidentielle. Les délais ne sont pas connus. Il reste maître des horloges ! Dans une lettre adressée aux Algériens, Abdelaziz Bouteflika, qui a pourtant indiqué le 3 mars dernier maintenir sa candidature, a démenti vouloir briguer un nouveau mandat présidentiel. Dans une feuille de route dont il égrène les mesures, Bouteflika précise que la première décision prise concerne le fait qu'il n'y aura pas de cinquième mandat. Le chef de l'Etat nous apprend même qu'il "n'a jamais été question" pour lui de postuler à un nouveau mandat, parce que "mon état de santé et mon âge ne m'assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l'assise des fondations d'une nouvelle République en tant que cadre du nouveau système algérien que nous appelons de tous nos vœux". Cette nouvelle République et "ce nouveau système seront entre les mains des nouvelles générations d'Algériennes et d'Algériens qui seront tout naturellement les principaux acteurs et bénéficiaires de la vie publique et du développement durable", a-t-il écrit. Le deuxième engagement pris par le chef de l'Etat est celui du report de l'élection présidentielle prévue initialement le 18 avril prochain. Abdelaziz Bouteflika explique qu'il s'agit ainsi "de satisfaire une demande pressante que vous avez été nombreux à m'adresser dans votre souci de lever tout malentendu quant à l'opportunité et à l'irréversibilité de la transmission générationnelle à laquelle je me suis engagé". Puis, le chef de l'Etat précise que cette décision vise à "apaiser les appréhensions qui ont été manifestées afin d'ouvrir la voie à la généralisation de la sérénité, de la quiétude et de la sécurité publique, dans l'objectif d'entreprendre ensemble les actions d'importance historique qui permettront de préparer le plus rapidement possible l'avènement d'une nouvelle ère en Algérie". En plus de ces deux décisions, le chef de l'Etat indique qu'il a décidé de changer de gouvernement. Il a nommé le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, au poste de Premier ministre, et a créé un poste de vice-Premier ministre, qu'occupera Ramtane Lamamra. "Ces changements constitueront une réponse adéquate aux attentes dont vous m'avez saisi, ainsi qu'une illustration de ma réceptivité à l'exigence de reddition de comptes et d'évaluation rigoureuse dans l'exercice des responsabilités à tous les niveaux et dans tous les secteurs", a expliqué le document du chef de l'Etat. Parallèlement à ces changements, le chef de l'Etat, qui demeurera ainsi en poste au-delà de l'élection présidentielle, propose la tenue d'une conférence nationale "inclusive" qui sera chargée de préparer une nouvelle Constitution et d'organiser une élection présidentielle plus tard. Cette conférence, dont les modalités de constitution ne sont pas définies, "organisera librement ses travaux, sous la direction d'une instance présidentielle plurielle, avec à sa tête un président qui sera une personnalité nationale indépendante, consensuelle et expérimentée. La conférence doit s'efforcer de compléter son mandat avant la fin de l'année 2019", précise le document. Cette conférence sortira avec un projet d'une nouvelle Constitution qui sera soumise à référendum, précise le message présidentiel qui indique que la conférence rendra ses conclusions avant la fin de l'année en cours. C'est également ce cadre qui organisera et fixera la date de la prochaine élection présidentielle. "L'élection présidentielle qui aura lieu dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante sera organisée sous l'autorité exclusive d'une commission électorale nationale indépendante dont le mandat, la composition et le mode de fonctionnement seront codifiés dans un texte législatif spécifique qui s'inspirera des expériences et des pratiques les mieux établies à l'échelle internationale", promet la Présidence qui évoque la création d'une commission indépendante d'organisation des élections. Avant l'élection présidentielle, Bouteflika promet la composition d'un gouvernement de compétences nationales. "Ce gouvernement assumera la supervision des missions de l'administration publique et des services de sécurité et apportera sa pleine collaboration à la commission électorale nationale indépendante. Pour sa part, le Conseil constitutionnel assumera, en toute indépendance, les pouvoirs que lui confèrent la Constitution et la loi en matière d'élections présidentielles", indique le document. Pendant ce temps, Abdelaziz Bouteflika restera président de la République. Il dit s'engager à "veiller à ce que toutes les institutions constitutionnelles de la République poursuivent scrupuleusement l'accomplissement de leurs missions respectives et exercent leurs pouvoirs respectifs au service exclusif du peuple algérien et de la République". Dans sa missive, Abdelaziz Bouteflika ne dit rien sur son avenir. Il se projette même dans les années à venir et promet de rester jusqu'à l'élection du futur président de la République. Cela signifie que le chef de l'Etat veut aller au bout de sa logique ; à savoir aller vers une nouvelle mandature sans passer par une élection. Cette option a été exprimée dans une première lettre envoyée le 3 mars dernier dans laquelle Abdelaziz Bouteflika promettait une élection présidentielle anticipée après sa reconduite. Mais cette proposition n'est pas passée, puisque les manifestations de vendredi ont affiché leur refus de suivre un Abdelaziz Bouteflika plus déterminé que jamais à aller au bout de sa logique. Les annonces du chef de l'Etat ont suscité des concerts de klaxons dans les rues. Des partis ont déjà appelé à manifester de nouveau vendredi prochain. Jusqu'au départ de Bouteflika