Les Algériens de France ont quelque peu été sonnés en apprenant avant-hier soir, en même temps que leurs compatriotes en Algérie, que le mandat du président Bouteflika allait être prorogé, avec la promesse vague d'une élection libre. "C'est un coup de force anticonstitutionnel que nous rejetons", dénonce Farid Yaker, du collectif Debout l'Algérie. Lui et d'autres responsables associatifs de la diaspora se sont entendus sur de nouvelles actions plus percutantes en France, pour réclamer le départ du système et la mise en place immédiate d'une transition démocratique, dirigée par des personnalités jouissant d'une crédibilité auprès des Algériens. Vendredi à 17h, un rassemblement sera organisé face au siège de l'ambassade d'Algérie, rue de Lisbonne, dans le 16e arrondissement. Dimanche 17 mars, les Algériens devront se rassembler à nouveau à la place de La République à 14h. De là s'ébranlera une marche inédite jusqu'à la Place des Victoires, sur un parcours de 1,8 kilomètre. La préfecture de police de Paris a déjà donné son feu vert, rassurée par le civisme qui a marqué jusque-là les manifestations des Algériens à Paris. Pour marquer leur opposition au soutien affiché par la France à l'égard de Bouteflika, les associations de la diaspora envisagent également de tenir un sit-in devant les locaux du Quai d'Orsay. "La sortie de Jean-Yves Le Drian lundi soir, après l'annonce du report de la présidentielle, confirme que la France approuve le maintien de Bouteflika au pouvoir", explique Zoheir Rouis, responsable en France de Mouwattana et de Jil Jadid. Pour lui, il est inacceptable que le gouvernement français s'immisce ainsi dans les affaires de l'Algérie, en apportant sa caution au régime contre la volonté du peuple. "On ne lui demande pas de soutenir les manifestants. Mais qu'il arrête au moins de soutenir le régime", fait-il savoir. Même réaction de Farid Yaker. "Jean-Yves Le Drian n'a pas pris acte des mesures annoncées, mais les a saluées. Il s'agit d'une ingérence que nous ne tolérons pas", proteste notre interlocuteur, précisant que la France valide une démarche illégale et rejetée par la population algérienne. Outre le sit-in devant le Quai d'Orsay, les représentants de la diaspora veulent demander à être reçus par le président Macron à l'Elysée. "La France doit rectifier sa position car elle pourrait le regretter. L'Algérie est en train de muer. Le système que les Français soutiennent partira inéluctablement et leurs intérêts pourraient être mis en danger s'ils continuaient à lui prêter main-forte", souligne Ilyas Rahmani, président de l'association Repères et du Front des Forces vives algériennes (FFV). Les animateurs de la protesta en France se réuniront ce soir pour arrêter d'autres actions. La mobilisation devra gagner plus de villes dans l'Hexagone. S. L.-K.