Les magistrats et greffiers d'Oran sont sortis, ce jeudi matin, de leur mutisme pour exprimer leur refus de la violation de la Constitution et leur attachement à l'avènement d'un véritable Etat de droit en Algérie. Alors que les greffiers, brandissant le drapeau national et des affiches appelant au changement, ont organisé une marche depuis le nouveau palais de justice jusqu'au tribunal correctionnel de la Cité Djamel en criant leur rejet du règne de "Bouteflika et Saïd" et leur refus de la prolongation du mandat présidentiel tel que proposé la semaine passée, les magistrats ont, eux, choisi d'observer un sit-in de protestation sur le perron de la cour de justice. Au milieu de dizaines de magistrats drapés dans l'emblème national et agitant des pancartes avertissant notamment contre la transgression de la loi fondamentale, "la Constitution, une ligne rouge", un président de tribunal a donné lecture d'un communiqué par lequel les fonctionnaires de justice ont exhorté au respect des règles de la Constitution, du principe de séparation des pouvoirs et de la nécessaire consécration de l'indépendance de la justice. "En notre qualité de défenseurs des droits et libertés, nous n'accepterons pas la violation de la Constitution", a insisté l'orateur au milieu des applaudissements. Après, les avocats qui ont boycotté les audiences pendant deux jours (mardi et mercredi), les magistrats et greffiers d'Oran ont, à leur tour, décidé de joindre leur voix aux millions de gorges qui exigent le départ du système au pouvoir et l'avènement de la deuxième République. S. Ould Ali