En réponse à l'appel à la grève, lancé en fin de semaine passée par l'Union nationale des ordres des avocats (UNOA), les robes noires étaient mobilisées hier au niveau de plusieurs wilayas. Ainsi les avocats du barreau d'Oran, à l'instar de leurs confrères des autres régions, ont suspendu leurs activités judiciaires depuis hier. Ils ont également tenu un sit-in de protestation sur le perron du palais de justice pour appeler au départ du pouvoir et l'avènement d'une nouvelle république garantissant l'indépendance de la justice. Drapés dans l'emblème national, les manifestants ont lancé les traditionnels slogans hostiles au système et ses représentants, appelant au respect de la dignité de l'avocat et ses droits, et revendiquant l'instauration d'un véritable Etat de droit qui ne s'accommode pas d'une justice aux ordres : «Il est temps que le secteur de la justice s'affranchisse des coups de téléphone, de la corruption et du piston», a estimé l'un des avocats en soulignant qu'une justice indépendante est garante de la démocratie : «C'est l'injustice et l'arbitraire qui ont conduit des millions d'Algériens à sortir ainsi dans la rue pour réclamer le changement», a-t-il encore rappelé. Au cours de ce sit-in, des appels ont également été lancés aux magistrats afin qu'ils se joignent à la contestation qui ne cesse de s'élargir depuis le 22 février dernier : «Les magistrats doivent s'affranchir de leurs entraves sinon la justice ne pourra pas arracher son indépendante», a expliqué une avocate, estimant que «les mesures de coercition envisagées ou prises par le ministère de la Justice contre les magistrats qui refusent d'encadrer les élections ne doivent pas faire peur». Sur la démission du désormais ex-président du Conseil constitutionnel et proche parmi les proches de Bouteflika, Tayeb Belaïz, des avocats ont estimé qu'elle constituait une bonne nouvelle : «Mais cela n'est pas suffisant. Belaïz n'est qu'un maillon de la chaîne, il faut que toutes les pièces du système tombent pour que l'on puisse aller de l'avant», a résumé l'un d'entre eux. A côté du gel des activités judiciaires, les avocats doivent tenir un autre sit-in dimanche prochain et organiser une marche du palais de justice au tribunal correctionnel de Cité Djamel. A Skikda, comme attendu, les avocats, en compagnie des greffiers de justice, ont répondu, hier, massivement au mot d'ordre lancé par leurs représentants pour une marche de protestation à l'échelle nationale. Ils entendaient marquer de leur présence la scène et emboîter le pas à toutes les autres couches de la société sortis manifester leur rejet de l'ancien système qui a mis à genoux le pays. Les slogans arborés dans des pancartes de toutes sortes abondaient toutes dans le même sens, c'est à dire l'exigence du départ des symboles de l'ancien système. Après un rassemblement devant le palais de justice, les robes noires et les greffiers se sont dirigés vers le tribunal de Skikda pour retourner ensuite vers leur point de départ. Lors de cette marche, on pouvait lire toutes sortes de slogans demandant le départ des 'B'' connus qui sont encore en poste et même le nouveau locataire du Conseil constitutionnel n'a pas été épargné «Fennich = Finish» et d'autres slogans refusant le maintien de Bensalah. Rassemblés devant le palais de justice une seconde fois, les manifestants ont fait part de leur volonté d'observer un mouvement de grève de 2 jours, ce qui ne manquera pas d'influer sur le cours des différents tribunaux. A noter également que le personnel du tribunal de Azzaba a observé un sit-in de protestation hier matin. Ils étaient nombreux à prendre part à la manifestation. Tous exigeaient le départ des responsables de la situation du pays notamment les derniers 'B''. Les manifestants se sont dispersés dans le calme après avoir crié des slogans et des chants patriotiques. Vendredi 12 avril, l'Union nationale des ordres des avocats avait appelé à une grève de quatre jours (17, 18, 21 et 22) afin de protester contre la répression qui s'est abattue sur des manifestations pacifiques, et exprimer son rejet des élections présidentielles encadrées par un gouvernement refusé par les Algériens : «Les élections du 4 juillet ne permettront par une transition démocratique et ne seront pas crédibles sous la conduite d'un gouvernement rejeté par le peuple» et en l'absence de lois garantissant un minimum de transparence, a jugé l'UNOA dans son communiqué. L'Union a également estimé que la crise est politique avant d'être constitutionnelle et exige la recherche de solutions politiques acceptables par les Algériens telle que la «la mise en place d'une période de transition conduite par des personnalités consensuelles acceptées par le peuple».