Le ministère de la Justice a autorisé hier les tribunaux à faire appel à des huissiers de justice pour remplacer les greffiers en grève depuis mercredi. Mais les avocats ont refusé de plaider, qualifiant cette opération «d'entrave à la loi». Hier, au tribunal de Abane Ramdane, quelques procès ont été tenus le matin, puis interrompus du fait que certains avocats ont refusé d'intervenir dans les procès. «Tout jugement qui ne comporte pas la signature du greffier et du juge est nul», explique maître Dhabi, qui vient de quitter le tribunal après avoir refusé de défendre son client en présence d'un huissier de justice. Autre argument de l'avocate : «Les réquisitoires ne doivent être dévoilés qu'au juge ou au greffier. C'est un secret que le tribunal doit préserver des personnes étrangères comme l'huissier de justice». Hier, les commis greffiers, greffiers et greffiers en chef du tribunal Abane Ramdane ont rejoint le mouvement de grève déclenché par leur collègue dans l'ensemble des cours de justice au nombre de 36. Une trentaine de travailleurs du tribunal ont fait le pied de grue pendant toute la journée en brandissant des pancartes où ils ont écrit «Pour un travail égal, salaire égal», «Un peu de dignité». Les protestataires revendiquent l'annulation du statut particulier des greffiers, le relèvement du niveau scolaire pour pouvoir intégrer le corps des greffiers, l'application de la même grille que celle des fonctionnaires du ministère de la Justice, l'attribution de la prime de nuisance et de responsabilité. «Comment peut-on concevoir recevoir un salaire de 17 000 dinars après 32 ans de service ?», s'insurge cette secrétaire greffière, qui relate le volume de son plan de charge de travail, les intimidations des juges et des procureurs qui exigent un travail vite fait et bien fait sous la menace de sanctions. Les greffiers qui se sont rassemblés aussi au sein de la Cour suprême et devant le siège du Conseil d'Etat, ont décidé de maintenir la grève jusqu'à ce qu'ils obtiennent gain de cause. Les fonctionnaires de la justice (commis-greffiers, greffiers en chef, greffiers divisionnaires), au nombre de 90, ont débuté, jeudi, une grève suivie à 100%, en garantissant, toutefois, un service minimum. Ils emboîtent, ainsi, le pas à leurs confrères des tribunaux et cours des grandes wilayas qui les ont précédés pour dénoncer des conditions socioprofessionnelles qu'ils qualifient «d'humiliantes», avec un salaire «minable», «symbolique» et demander un statut digne de leur fonction. Leurs revendications portent sur plusieurs points dont la révision du statut particulier, une augmentation conséquente des salaires (qui, dans le meilleur des cas, ne dépasse pas les 22 000 DA), la dissolution rapide du syndicat, la titularisation des agents contractuels, le désistement au logement de fonction (avantage réservé, jusqu'ici, aux magistrats), le reclassement des anciens greffiers par reclassement… Les grévistes entendent poursuivre leur action jusqu'à satisfaction de leurs revendications.