Les manifestations populaires semblent avoir ébranlé le Forum des chefs d'entreprise. Après les annonces de démission de certains adhérents au syndicat des patrons, des membres, qui se proclament du "FCE originel" ont décidé d'apporter leur soutien aux manifestations contre le 5e mandat. "Les marches citoyennes du 22 février et du 1er mars 2019 marquent un tournant décisif dans la vie de notre pays", relèvent les membres du "FCE originel" dans un communiqué. Le "FCE originel", indiquent-ils, "ne peut rester sourd à l'expression populaire à laquelle il adhère totalement", ajoutant que le peuple et, notamment, sa jeunesse aspirent à vivre dans un pays stable, prospère et solidaire. "C'est le message que nous avons perçu et pour lequel nous avons toujours œuvré", soulignent-ils. Les membres du "FCE originel", qui sont nombreux et qui pèsent dans l'économie algérienne, nous dit-on, rappellent qu'en 2012 notamment, à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance et dans un document intitulé : "Cinquante propositions pour une économie moins dépendante des hydrocarbures", ils ont proposé "à ceux qui ont la charge de diriger notre pays, une feuille de route claire : une économie ouverte et diversifiée, une gouvernance transparente et une justice sociale". Mais depuis l'intronisation d'Ali Haddad à la tête du Forum des chefs d'entreprise, l'organisation patronale s'est, comme l'UGTA, transformée en simple "organisation de masse". Le FCE, qui s'est mué depuis le début de l'année en syndicat des patrons, est devenu une caisse de résonance des choix économiques et désormais politiques du pouvoir. Les dernières manifestations populaires ont brisé le mur de la peur. Des chefs d'entreprise ont décidé de claquer la porte du FCE, remettant en cause l'orientation, notamment politique, donnée par Ali Haddad à l'organisation patronale. Des sources du FCE évoquent la démission de 9 adhérents. D'autres sources parlent d'une centaine de défections. Plusieurs membres ne cotisent plus. Si certains chefs d'entreprise ont requis l'anonymat, d'autres ont affiché publiquement leur désaccord. C'est le cas de Hassen Khelifati, P-DG d'Alliance Assurances. C'est le cas aussi du patron du groupe agroalimentaire Amor Benamor. "Si notre association, devenue syndicat, a joué par le passé un rôle essentiel pour mener nos entreprises et notre économie vers de meilleurs lendemains, je me désole aujourd'hui de la voir s'éloigner de sa base", a souligné le patron du groupe Benamor. Le P-DG du groupe Sogemetal, Mohamed-Arezki Aberkane, a, lui aussi, décidé de claquer la porte du FCE. L'économiste Alexandre Kateb a également annoncé sur Twitter qu'il "renonçait à être membre honoraire du FCE et récusait tout lien avec cet organisme".