Liberté : Le Parlement français a adopté le 23 février dernier une loi portant sur la reconnaissance de la nation et la contribution nationale en faveur des Français rapatriés. Pourquoi une telle loi ? Hélène Mignon : Ce n'est pas le parti de l'opposition socialiste, que je représente, qui a voté cette loi. Nous avons écrit au Premier ministre lui demandant de la supprimer. Nous avons également des collègues sénateurs qui déposent un texte de loi pour justement faire abroger cette loi du 23 février. Il n'est donc pas opportun à vos yeux qu'une telle loi reste en vigueur ? Cela nous a même choqués. Parce qu'il y a des façons de dire les choses de telle manière à ce que les Français et les Algériens se retrouvent d'accord sur un minimum en disant que cela s'est malheureusement mal terminé. Et on ne peut que regretter ce qui s'est passé. Mais on ne peut pas non plus d'un coup de crayon tout effacer et dire que rien n'a eu lieu pendant la colonisation. Quelle a été la réponse du Premier ministre à votre demande ? Je ne le sais pas encore, mais je sais que François Hollande a demandé au président de la République, Jacques Chirac, de retirer le texte et que les groupes parlementaires socialistes du Sénat et de l'Assemblée nationale ont écrit au Premier ministre, Dominique de Villepin, lui demandant son abrogation. Quels sont les principes généraux régissant le traité d'amitié franco-algérien ? Au Parti socialiste, nous n'avons pas encore discuté de son contenu. Je pense qu'il n'y a qu'une élaboration très partielle de ce texte. Mais je pense qu'il va aborder les questions intéressant les deux pays dans tous les domaines. L'obtention des visas est très difficile ; est-ce que les choses peuvent s'améliorer avec la signature du traité d'amitié franco-algérien ? Les choses devraient normalement s'améliorer. Mais je pense que ce sera dans le cadre de la coopération d'universitaires, d'industriels… Mais il faut des échanges dans les deux sens. Je pense que s'il n'y a pas de liens d'amitié qui se créent, ces traités d'amitié ne seront que des bouts de papier. En ce sens que nous sommes des hommes et des femmes, et ce n'est qu'à ce niveau-là que les choses peuvent changer. Après les attentats de Londres, quelles sont les mesures prises par la France pour renforcer sa sécurité ? Il y a des contrôles au niveau des aéroports et un peu partout. Dans les écoles, des barrières ont été même mises en place en plus d'une rigoureuse surveillance. Et même nous, nous sommes contrôlés à l'entrée de l'Assemblée nationale. Mais ce qui m'inquiète le plus, ce sont les déclarations de notre ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, ces jours-ci, sur la fermeture des frontières. Une série de mesures ont été prises à la suite des attentats de Londres. Mais je pense que ceux qui veulent faire des attentats, ils rentreront autrement ou alors ils sont déjà dans le pays. Ce n'est donc pas en fermant les frontières aux aéroports et ports qu'on va régler le problème du terrorisme. Vous aviez vécu ici pour votre part le terrorisme et vous connaissez le problème. N. M.