Philippe Douste-Blazy prône la création d'une commission d'historiens, français et algériens, pour évaluer la loi votée par le Parlement français. Après le vote en février dernier par le Parlement français d'une loi glorifiant le rôle de la colonisation, des voix ne cessent de s'élever pour la contester. La dernière en date est celle du ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, qui tente d'atténuer les effets de ce texte qui n'a fait que remuer le couteau dans la plaie au moment où l'on parle des deux côtés de la rive de la Méditerranée d'un traité d'amitié entre les deux pays : l'Algérie et la France. Le chef du Quai d'Orsay prône, dans une déclaration rapportée, hier, par l'Agence France Presse, la création d'une commission d'historiens français et algériens pour évaluer la loi votée par le Parlement. “Je souhaite qu'il y ait une commission d'historiens mixte, qui puissent se réunir, travailler ensemble, en toute indépendance pour justement nous faire une proposition sur cela”, a souligné le ministre lors d'une conférence de presse. “Il n'y aura jamais d'histoire officielle en France”, a-t-il ajouté, lui qui avait soutenu la loi signée le 23 février dernier. Ce texte qui, rappelons-le, glorifie “la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et porte reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés”, a été très critiqué par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui avait comparé en mai dernier la colonisation française au nazisme. “Qui ne se souvient pas des fours de la honte installés par l'occupant dans la région de Gulema ?” s'interrogeait le chef de l'Etat avant de dire que “ces fours étaient identiques aux fours crématoires des nazis”. Deux mois plus tard, le président de la République reviendra à la charge pour souligner que “pour la société algérienne, la colonisation française a été massivement une entreprise de dé-civilisation”. “Il est difficile de ne pas être révolté par la loi votée par le Parlement français le 23 février dernier, qui représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme”, avait-il ajouté avant que le Parlement algérien ne lui emboîte le pas pour dénoncer à son tour ce qui est considéré comme “dérive” du Palais Bourbon. Le texte a été qualifié de “précédent grave” par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. Le FLN, qui avait lui aussi réagi à cette loi, avait souligné que le texte “consacre une vision rétrograde de l'histoire”. Le parti de la majorité a condamné “cette volonté de la justification de la barbarie du fait colonial en gommant les actes les plus odieux tels que les exterminations de la population et des tribus, les enfumades collectives, et la déportation des populations”. K. D.