Est-ce le hasard d'un calendrier ou une simple coïncidence ? La journée consacrée à la Victoire du 19 mars 1962 s'est harmonisée avec la parution de l'ouvrage collectif intitulé Travailler (4e volume de la série "Nous autres"), élaboré sous la direction d'Amin Khan (éd. Chihab). Ecrit sous l'étendard "Eléments pour un manifeste de l'Algérie heureuse", l'œuvre s'allie ainsi à la hardiesse et aux clameurs de liberté qui fusent de l'éclosion des bourgeons du printemps de l'Algérie. L'œuvre éditée à point nommé contredit donc les "ronds-de-cuir" qui insinuent que "l'Algérien est intrinsèquement faible et fatalement incapable de révolte et d'émergence historique". "Ce dernier-né de la série d'ouvrages collectifs, dont le premier volume a paru en 2016, alors que le second et le troisième ‘Notre rapport au monde' ont été publiés en 2017", a-t-on su d'Amin Khan. Autant d'ouvrages conçus autour d'un thème particulier où s'unissent les expériences des auteurs autour d'une même plateforme. À ce titre, Amin Khan priorise l'intention d'être utile à sa société afin qu'elle opère le pas de l'improbabilité vers l'évidence et de l'hésitation vers l'assurance de soi. Son slogan ou plutôt son cri de ralliement "Nous autres" va clair au cœur de l'anonyme homme de la rue et fait l'écho à l'aspiration cachée du citoyen lambda, à savoir "Travailler", où s'ensemence l'embryon d'un destin décent, voire ensoleillé. C'est qu'il ne se suffit pas que de slogan Nous autres d'Amin Khan, mais aussi de bon sens et de l'esprit de discernement qu'il puise du "Dessin de presse et moi" du bédéiste Redouane Assari et de "L'obligation absente" de notre confrère Saïd Djaffer. Alors, pour sortir l'Algérie du "désert" (1966), le poète Amin Khan ajoute de la foi à l'ouvrage d'ensemble où le Travail, Algériens, Chinois et mythes culturalistes de Tin Hinan El-Kadi s'ajoute à L'esquisse de l'alternative de l'auteur du recueil "Archipel Cobalt" (2009). Se revendiquant d'un esprit fédérateur de la plume, voire rassembleur par conviction mais aussi par humanisme, le lauréat du premier Prix Méditerranée de la poésie, Nikos Gatsos a été l'hôte de la librairie Chihab où il a présenté également l'art de l'artiste sculpteur sur bois Ahmed Maiddi qu'il harmonise avec l'effort de "Travailler entre la singularité d'un pluriel et les singuliers d'une pluralité" de Nassima Metahri. "Cet ouvrage est utile, eu égard à l'intelligence de l'analyse collégiale et de la succession d'expériences d'un ensemble rédactionnel. C'est le cas de l'artisanat du terroir qui s'en trouve marginalisé au motif du déficit en matière de formation alors que l'artisanat était ce créateur d'emploi et porteur de richesses. D'où le titre ‘Travailler' qui se veut aussi une invite à l'effort, seul garant d'une prospérité", a indiqué Khan. Et de poursuivre : "C'est également l'idoine main-forte de l'intelligentsia pour éviter les rets d'une économie de rente et d'aboutir au noble effort de production que requiert la bonne gouvernance afin d'intégrer le gotha des nations développées. Ceci est d'autant essentiel pour être ainsi au diapason de la bonne gouvernance qui fait la force des pays développés." Autre apport, Femmes et travail en Algérie de la regrettée Fatima-Zohra Oufriha qui s'insère sur une Note sur la santé du travailleur de Abdelghani Rahmani. Quant au Dr Nadjib Sidi Moussa, il s'est focalisé sur "L'absence de centralité ou obsolescence", alors que l'historien Fouad Soufi a axé son apport sur "Travailler aux archives, être archiviste ?". Pour conclure, Arezki Tahar narre l'artisan qui est toujours dans l'attente de l'aide de l'autorité. À noter que la rencontre littéraire a été modérée par Kernoug Saïda. Louhal Nourreddine Travailler sous la direction d'Amin Khan Editions Chihab - 1 000 DA