Après avoir échappé à une proposition de fermeture définitive en 2002, le marché couvert de la ville de Lakhdaria a fait l'objet d'un arrêté d'évacuation pour une durée d'un mois, émis par l'exécutif communal réuni dans le courant de la semaine passée. En effet, c'est la rue Chaïa-Omar, fermée à la circulation sur un autre arrêté communal, pour la même période, qui recevra les étals des locataires du marché improvisés à l'aide de madriers et autres moyens de fortune jonchant les trottoirs et la chaussée, après que ces derniers eurent refusé un premier emplacement jugé isolé et inadéquat. L'exiguïté de la rue a contraint un grand nombre de leurs camarades au repos. Les entrées du marché bondées de toutes sortes de déchets de fruits et légumes avariés et autres résidus donnaient un aspect abject à l'endroit et des émanations nauséabondes empuantissent tout le voisinage. Tel a été notre constat lors de notre visite sur les lieux. L'enceinte, tout aussi malpropre, ne présente absolument aucune commodité, compte tenu de la détérioration de la totalité des réseaux de viabilité. Les travaux d'assainissement et de réaménagement qui ont déjà été confiés à deux entreprises devaient débuter ce dimanche. Prise après concertation avec la wilaya, la protection civile et la sûreté de la daïra, consécutivement à la dégradation avancée de la structure de l'édifice et aux conditions d'hygiène précaires dans lesquelles exerçaient les marchands, la décision temporaire entrée en vigueur à compter du 16 du mois en cours a quand même eu quelques mauvaises conséquences et des échos antithétiques parmi les commerçants authentiques qui se plaignent de la concurrence illégale des “nouveaux débarqués” et chez les habitants contrariés par l'encombrement de la rue, qui, soulignons-le, est l'unique accès de certains riverains. La raison n'est pas uniquement économique, a-t-on insinué à travers les entretiens que nous ont accordés quelques citoyens. C'est plutôt une affaire de mœurs. C'est, en quelque sorte, leur liberté de circulation et leur intimité qui sont violées par le nouveau décor qui leur est imposé. La situation susceptible de durer jusqu'au 15 août prochain importune aussi des locataires du marché qui, ne se réjouissant guère d'une prochaine amélioration des circonstances de travail, craignent sérieusement une suite fâcheuse et voient à travers le recours de l'APC à la fermeture du marché “un procédé malin” visant à les expulser où, du moins, à les contraindre à s'acquitter de leurs pesantes dettes de loyer comme préalable à leur réintégration. Sollicité pour des éclaircissements à ce sujet, le secrétaire général de la commune, faisant allusion au problème de l'inactivité de quelques marchands, a tenu à préciser que “dès lors que la réaction des autorités s'est avérée impérative pour mettre fin à la débandade après une longue défaillance, la nécessité d'un sacrifice était devenue évidente”, soulignant au passage, quelques autres pratiques illicites, comme la sous-location devenue coutumière, voire un droit et le “manque de civisme” qui a engendré, selon lui, ce problème justement d'insalubrité et de déchéance. Interrogé sur le recouvrement des retards de loyer, le responsable qui n'écarte pas la possibilité d'un échelonnement a nié toute intention de la part de son autorité d'user de supercherie auprès de ses débiteurs, la loi étant le seul arbitre. Voilà, donc, qui réconforte l'anxiété des uns et des autres, le temps que sera réhabilité le souk. Slimane Allouche