Des eaux usées, par centaines de mètres cubes, ruissellent jour et nuit dans les rues du centre-ville de Lakhdaria, avec tout ce que cela induit comme désagréments aux citoyens. Bouchés depuis belle lurette, deux regards vomissent régulièrement leur contenu noir et nauséabond sur la chaussée, rendant du coup l'air irrespirable sur au moins trois cents mètres à la ronde. L'autre jour, indisposés par les odeurs à la limite du supportable, les élèves de l'école primaire Bouchenak Zohra ont menacé de faire grève. D'autres citoyens, adultes ceux-la, sont venus nous voir pour crier haut et fort leur indignation de cet état de fait. « Où sont passés les élus locaux, que font-ils ? » Telles sont, entre autres, les questions que se pose le commun des Lakhdaris. Certes, des ouvriers avec un camion, viennent des fois de Bouira déboucher les deux regards moyennant une rondelette somme, mais ce travail est tellement bâclé qu'on le refait régulièrement. Les mauvaises langues disent que cela est prémédité. Les spécialistes en la matière, eux, soutiennent mordicus que pour régler définitivement ce problème, il faudra remplacer tous les égouts de la rue Chaïa Omar et le plus vite serait le mieux, car, selon eux, avec l'arrivée imminente des pluies, une catastrophe n'est pas du tout à écarter. La preuve, l'année dernière, à chaque averse, des habitants de Zenkat Beni Maâlla ont vu des eaux usées remonter par l'évier de leur cuisine et inonder leur habitation. Pour rappel, l'assainissement à Lakhdaria a été refait à neuf au milieu des années 1970, et d'aucuns avait prédit, à l'époque, que cela tiendrait bon au moins un siècle. Et cela tenait bon, jusqu'au jour où ces deux regards de malheur ont commencé à vomir tout ce qu'ils ingurgitaient comme eaux usées. Ainsi donc, les habitants de Lakhdaria n'ont pas fini de manger leur pain noir. En effet, en plus des décharges sauvages qui poussent comme des champignons aux quatre coins de la ville, ces habitants doivent, en plus, composer avec les eaux usées qui envahissent le centre-ville. Pour l'anecdote, il arrive souvent au chef de daïra de Lakhdaria de faire des achats en pataugeant au milieu des eaux usées. Quant au nouveau P/APC, il s'aventure rarement sur les lieux. « Je n'y peux rien moi ! Je n'ai pas suffisamment d'ouvriers », nous a-t-il asséné dernièrement lors d'une rencontre au hasard dans une rue de la ville.