Des idées sont perceptibles, des dispositifs tactiques commencent à prendre forme au fil des matches, mais il manque ce rodage nécessaire. À l'inverse de ce qui était peut-être attendu, le coach national Djamel Belmadi a préféré aligner une EN bis contre la Gambie, composée essentiellement de joueurs remplaçants, préférant du coup attaquer le second test devant un adversaire censé être plus costaud, la Tunisie, avec les habituels titulaires, à savoir les Mahrez, Attal, Belameri, Bounedjah, et autres Feghouli. Belmadi avait du reste annoncé lors de son point de presse d'avant-stage qu'il allait aligner deux équipes différentes lors des deux matches amicaux afin de donner la chance à tout le monde. L'occasion était donc donnée aux nouveaux visages notamment de prouver qu'ils pouvaient bousculer la hiérarchie dans la perspective de la finalisation de la liste des 23 sélectionnés pour la CAN 2019, prévue du 15 juin au 13 juillet en Egypte. Cependant, et cela était prévisible, en dépit d'une monopolisation du ballon, devant un adversaire franchement modeste, les Verts ont eu du mal à élever leur niveau de jeu, à susciter cette percussion nécessaire pour tromper la vigilance des Gambiens venus à Blida pour tenter de résister puis tenter sporadiquement de surprendre la citadelle algérienne, par des contres rapides. Il y avait comme un manque de cohésion entre les trois compartiments qui aurait pu tuer le match comme le dit si bien Belmadi. Cela aussi était prévisible. Le travail tactique de Belmadi est encore, il faut se le dire, à l'état embryonnaire. Des idées sont perceptibles, des dispositifs tactiques commencent à prendre forme au fil des matches, mais il manque ce rodage nécessaire et inévitable. Quelques mois seulement après son intronisation à la tête de la sélection algérienne, Belmadi qui s'est attaqué d'abord à l'essentiel — sous la pression de l'obligation de résultat — à savoir la qualification à la CAN, pas du tout évidente à son arrivée notamment après le nul en Gambie et la défaite au Bénin, se retrouve devant un grand chantier. La proximité de la CAN n'arrange pas les choses, il doit mettre en place une équipe capable de garantir une participation honorable au moment où les Algériens ne lui demandent pas de toutes les façons de revenir d'Egypte avec le titre continental. Le plus important, c'est de mettre dès maintenant les jalons d'une équipe capable d'être prête pour les éliminatoires de la CAN 2021 et du Mondial 2022. C'est à ce niveau-là qu'il est beaucoup plus attendu. En revanche, la rencontre contre la Gambie a été riche en enseignements sur le plan individuel. Des remplaçants ont tiré leur épingle du jeu et ont donné déjà des sueurs froides aux titulaires à commencer par Boudaoui qu'il sera difficile de zapper du milieu de terrain algérien lors de la prochaine CAN. Boudaoui a réussi pratiquent toutes ses passes, il a gagné beaucoup de duels. C'est un stabilisateur de jeu qui peut largement combler l'absence de Chitta. L'autre satisfaction, c'est assurément Adam Ounas capable d'accélérer le jeu et de donner des passes dans des conditions idéales. Bennacer, Abeid et le jeune Loucif n'ont également pas démérité. De quoi compliquer davantage la tâche à Belmadi à l'heure des choix. SAMIR LAMARI