Le scénario d'un divorce brutal, entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne, est plus que plausible, en l'absence d'un consensus à Londres autour des solutions proposées par Theresa May. Les jours de Theresa May semblent comptés à la tête du gouvernement, à en croire les informations révélées par le quotidien londonien The Times au sujet d'un plan de renversement de la Première ministre par ses propres collaborateur. "Theresa May était à la merci d'un coup d'Etat de son cabinet, hier soir, lorsque des ministres de premier plan ont décidé de renverser le Premier ministre et de la remplacer par son adjoint, David Lidington", a rapporté samedi soir The Times. "Dans une série d'appels téléphoniques privés frénétiques, les ministres ont convenu que la Première ministre devait annoncer qu'elle se désistait", explique la même source, alors que la Grande Île a connu samedi après-midi une manifestation de près d'un millions de personnes, rassemblés à Londres pour exiger la tenue d'un deuxième référendum sur le Brexit. Les proches de Theresa May lui reprocheraient de devenir "un personnage toxique et erratique" et estiment que "son jugement avait tourné en rond" ces derniers temps au sujet du plan de sortie de la Grande-Bretagne de l'UE. Selon le Sunday Times, au moins onze ministres ont confirmé leur volonté de voir Mme May céder sa place à quelqu'un d'autre. Ces manœuvres interviennent à la veille de la divulgation par le gouvernement d'une nouvelle feuille de route, après l'échec de la dernière réunion de May à Bruxelles au sujet d'un report du Brexit de 12 mois. En effet, le gouvernement devrait dévoiler aujourd'hui ses intentions, et pourrait proposer une série de votes indicatifs pour déterminer les desiderata du Parlement. Mais cette option n'est pas sans danger en raison des tensions qu'elle pourrait susciter au sein même de l'exécutif, les eurosceptiques craignant que le Parlement n'en profite pour prendre le contrôle du Brexit, et en dénaturer la substance. Organiser de tels votes serait "l'idée la plus ridicule, enfantine et irréaliste que j'aie jamais vue", a lancé le député conservateur Marcus Fysh, pro-Brexit. Dans le cas où elle présenterait finalement son accord aux députés, Theresa May devra surmonter deux obstacles, le premier ayant trait à la possibilité même de soumettre le texte. Les hésitations de la Première ministre ont continué hier d'alimenter ce climat de crise qui a tout l'air d'une fin de règne de Theresa May, dont le plan de discussion avec l'UE a été rejeté par les députés. Ces derniers ont aussi rejeté, au terme d'un deuxième vote, l'option d'un Brexit sans accord, s'offrant ainsi le temps de réfléchir à une autre solution, pour éviter le chaos. Mais l'UE ne veut rien céder, même si elle a accepté le report du Brexit au 12 avril, au lieu du 29 mars. Mais la dirigeante conservatrice a semé le trouble vendredi dans une lettre aux députés, laissant entendre que le vote pourrait finalement ne pas avoir lieu la semaine prochaine, "s'il apparaît qu'il n'y a pas suffisamment de soutien pour l'approuver", ce qui semble fort probable. Lyès Menacer/Agences