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Grande-Bretagne : Pour May, c'est quitter l'UE avec un accord ou pas de Brexit
Publié dans Le Maghreb le 09 - 04 - 2019

La Première ministre britannique Theresa May a déclaré samedi qu'il y avait désormais un choix clair entre la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne avec un accord ou pas de Brexit du tout, alors qu'elle tente de trouver un compromis avec l'opposition travailliste pour sortir de l'impasse au Parlement.

Theresa May a échoué à trois reprises à faire adopter par la Chambre des communes l'accord de retrait qu'elle a négocié avec Bruxelles, des députés de son Parti conservateur et du Parti unioniste démocratique (DUP) d'Irlande du Nord - dont May dépend pour disposer de la majorité - ayant voté contre le texte. Dans l'espoir de sortir de l'impasse au Parlement, elle s'est tournée vers le Labour, dont le chef de file Jeremy Corbyn a déclaré samedi qu'il attendait de voir bouger les lignes rouges fixées par la dirigeante conservatrice. "Il y a des domaines sur lesquels les deux principaux partis sont d'accord: nous voulons tous deux la fin de la liberté de circulation, quitter l'UE avec un bon accord et protéger nos emplois", a déclaré May, selon un communiqué diffusé par ses services. "C'est la base pour un compromis qui peut obtenir la majorité au Parlement, le seul moyen de tenir la promesse du Brexit", ajoute la Première ministre, soulignant que le temps presse. "Plus cela prendra du temps, plus grand sera le risque que le Royaume-Uni ne parte jamais", dit-elle. Selon le Sunday Times, le gouvernement britannique envisage d'inscrire dans la loi un accord douanier avec l'UE dans le but de convaincre les travaillistes de soutenir un accord sur le Brexit, et les conseillers de May ont discuté de la possibilité d'offrir au Labour une place dans la délégation qui prendra part mercredi au sommet extraordinaire de l'UE.
Theresa May a formellement demandé vendredi au président du Conseil européen, Donald Tusk, un report de la date du Brexit au 30 juin, une demande que les Vingt-Sept semblent seulement enclins à accepter si la dirigeante britannique offre la garantie qu'elle parviendra à faire adopter l'accord de retrait.

"Quitter l'UE dans six semaines"
En théorie, selon le dernier calendrier fixé par les Européens, le Brexit doit intervenir le 12 avril. Mais si l'accord finit par être ratifié avant vendredi prochain, la date du Brexit serait, toujours en théorie, reportée au 22 mai. La Première ministre britannique a réitéré samedi sa volonté de quitter l'UE le plus rapidement possible.
"Mon intention est de conclure un accord avec mes homologues européens qui nous permettra, si nous parvenons à un accord à la maison, de quitter l'UE dans seulement six semaines", a dit May. L'une des principales partisanes du divorce avec l'UE, la présidente de la Chambre des communes, Andrea Leadsom, a fait part de son inquiétude que le Brexit échappe à Londres. "Notre vision du Brexit s'estompe et nous manquons de temps pour la sauver", écrit-elle dans le Sunday Telegraph. Un second référendum sur l'adhésion de la Grande-Bretagne à l'UE serait la "trahison ultime", ajoute-t-elle. "Cela nécessiterait un long report, cela relancerait ce débat conflictuel et, comme le Parlement n'a pas pour l'instant suivi le premier résultat, il n'y a aucune raison de penser qu'il honorerait un second référendum." Il est temps que le feuilleton du Brexit s'arrête, a pour sa part estimé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en prévenant que l'Union européenne ne pourrait pas "s'épuiser en permanence sur les aléas" de la politique intérieure britannique.
Plusieurs députés conservateurs ont prévenu qu'ils tenteraient d'obtenir le départ de Theresa May si le Royaume-Uni venait à participer aux élections européennes de la fin mai et était forcé de rester dans l'UE au-delà de juin, rapporte The Observer.
D'après le Sunday Telegraph, des ministres s'interrogent sur une possible démission si un report du Brexit signifie que des candidats doivent se présenter aux élections européennes.

May va proposer au Labour un arrangement douanier
Le gouvernement de Theresa May envisage d'inscrire dans la loi un accord douanier avec l'Union européenne dans le but de convaincre le Parti travailliste de soutenir un accord sur le Brexit, rapporte le Sunday Times.
"Dans le cadre de ce nouveau plan, la Première ministre proposera de réécrire le projet de loi du gouvernement sur le retrait pour inscrire dans la loi un arrangement douanier", a écrit le journal dominical;
Theresa May tente de convaincre le Labour après trois rejets par le Parlement de son projet de Brexit négocié avec l'Union européenne.
Downing Street s'est refusé à tout commentaire.

Rees-Mogg promet de mener la vie dure à l'UE si le Brexit est reporté
Le député conservateur britannique Jacob Rees-Mogg, un des chefs de file des "Brexiters", a dénoncé dimanche l'incapacité de la Première ministre Theresa May à tenir ses promesses et menacé de mener la vie dure à l'Union européenne si le Royaume-Uni devait en rester membre.
Jacob Rees-Mogg a notamment suggéré que Londres oppose son veto au budget pluriannuel européen. Le prochain cadre financier pluriannuel (CFP), budget à long terme de l'UE couvrant la période 2021-2027, va faire l'objet d'intenses tractations dans les prochains mois. L'élu conservateur, qui préside le groupe eurosceptique ERG au sein du Parti conservateur de Theresa May, a aussi promis de s'opposer au projet d'intégration européenne accrue porté par le président français Emmanuel Macron. "Si nous sommes contraints de rester (dans l'UE), nous devrons en être le membre le plus difficile possible", a déclaré Jacob Rees-Mogg à Sky News. "Quand le prochain cadre financier pluriannuel viendra sur la table, si nous en sommes toujours, nous aurons une occasion qui ne se présente que tous les sept ans d'opposer notre veto et de leur mener vraiment la vie dure", a-t-il insisté. Jacob Rees-Mogg a par ailleurs jugé que la décision de Theresa May de négocier avec l'opposition travailliste pour tenter de sortir de l'impasse sur le Brexit était "une erreur" qui risque d'apporter au chef de file du Labour, Jeremy Corbyn, "une certaine crédibilité".

Moscovici a "l'intuition" qu'il n'y aura pas de "no deal" vendredi
La Première ministre Theresa May, qui poursuit ses tractations avec l'opposition travailliste, a formellement demandé vendredi aux Européens un report de la date du Brexit au 30 juin, tout en précisant que le départ du Royaume-Uni pourrait intervenir plus tôt, si l'accord de retrait était ratifié par le Parlement. Ce délai supplémentaire doit lui permettre de convaincre la Chambre des Communes d'approuver l'accord de retrait négocié par Londres et Bruxelles. "Le Royaume-Uni propose que cette période s'achève le 30 juin 2019", a écrit la dirigeante dans son courrier.
Au cours du week-end, la Première ministre britannique a réitéré sa volonté de quitter l'UE le plus rapidement possible. Elle a également observé que l'alternative était désormais claire pour le Royaume-Uni: sortir de l'Union européenne avec un accord ou ne pas quitter le bloc du tout.
En l'état du dernier calendrier fixé par les Européens, le Royaume-Uni sortira de l'UE le 12 avril - vendredi prochain si l'accord de retrait n'est pas ratifié d'ici là. Et rien ne dit que les discussions engagées entre l'équipe de Theresa May et l'opposition travailliste aboutiront à temps.
Quant à un nouveau report de la date du Brexit, la décision appartient aux chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept, qui se réuniront mercredi en sommet extraordinaire à Bruxelles.

Les principaux événements de la journée:
Invité sur franceinfo, le commissaire européen aux Affaire économiques, Pierre Moscovici, se déclare "persuadé" que le Royaume-Uni ne quittera pas l'Union européenne vendredi sans accord de retrait négocié, avant de tempérer ses propos.
"Je ne suis pas là pour donner une atmosphère catastrophiste, je suis persuadé que le 'no-deal' n'interviendra pas le 12 avril", dit dans un premier temps l'ex-ministre français de l'Economie et des Finances. Prié de préciser ses propos, Moscovici invoque par la suite une simple "intuition": "J'ai parlé trop vite. Je vais corriger: je crois, j'espère qu'il n'y aura pas de sortie désordonnée", rectifie-t-il, avançant deux raisons: un 'no-deal' serait "vraiment la plus mauvaise des solutions" et "n'est souhaité ni du côté européen, ni du côté britannique."

Les discussions avec le labour se poursuivent
Jeremy Wright, le ministre britannique de la Culture, indique que les discussions avec l'opposition travailliste vont se poursuivre ce lundi. Ces négociations entre le gouvernement May et le Parti travailliste ont débuté mercredi dernier à l'initiative de la Première ministre britannique. Constituant un virage à 180° dans la stratégie de la dirigeante conservatrice, il s'agit de définir les moyens de trouver enfin une majorité à la Chambre des communes sur l'Accord de retrait négocié avec Bruxelles et entériné fin novembre par les dirigeants européens et sur la Déclaration politique qui l'accompagne (un texte d'une trentaine de pages fixant le cadre des négociations de la future relation commerciale entre le Royaume-Uni et l'UE).
"Nous avons besoin que ces discussions se poursuivent et j'espère qu'elles aboutiront à une conclusion raisonnable", ajoute Jeremy Wright devant les caméras de la BBC.

Selon la BBC, May s'apprête à bouger sur l'union douanière
D'après la BBC, Theresa May pourrait proposer ce lundi à Jeremy Corbyn, le chef de file du Parti travailliste, un projet de maintien permanent du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE après le Brexit.
Ce serait une évolution majeure de la part de la Première ministre britannique, qui a constamment exclu cette option afin de redonner à son pays la capacité de négocier seul des accords commerciaux avec des pays tiers.
C'est en revanche une des idées défendues par le Labour, qui a déploré au cours du week-end que le camp gouvernemental n'ait pas suffisamment bougé.

Le Labour réclame à May un "changement véritable"
Le Parti travailliste britannique, qui discute depuis trois jours avec Theresa May pour tenter de débloquer la situation autour du Brexit, a déploré vendredi que la Première ministre n'ait pas proposé de "changement ou de compromis véritable". "Nous sommes déçus que le gouvernement n'ait pas proposé de changement ou de compromis véritable", indique le Labour dans un communiqué. Les deux partis se sont néanmoins dits favorables à la poursuite des négociations ce week-end. "Nous sommes disposés à apporter des changements à la Déclaration Politique (sur les futures relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne) afin de parvenir à un accord acceptable par les deux camps", a déclaré un porte-parole de Theresa May dans un communiqué. Le Labour exhorte la Première ministre à apporter des changements réels à son plan si elle veut obtenir une majorité au Parlement et être enfin en mesure de faire ratifier l'Accord de retrait qu'elle a négocié avec les Européens. A trois reprises depuis le 12 janvier, May a été incapable de réunir une majorité sur ce texte, se heurtant à l'intransigeance d'une partie des élus de son propre Parti conservateur et des députés nord-irlandais du Parti unioniste démocratique (DUP), indispensables à sa majorité parlementaire. Pour éviter le risque d'un "no deal" (une sortie sans accord), elle a procédé mardi soir à un virage à 180°, se tournant vers l'opposition travailliste et son chef de file, Jeremy Corbyn. Trois séances de discussions ont eu lieu, dont la première en face à face mercredi entre May et Corbyn, qui ont ensuite laissé la main à leurs représentants.


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