L'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a considéré, avant-hier, que la révolte du peuple algérien est un droit légitime pour "appeler au changement du système de gouvernance qui a conduit le pays au bord de la faillite après que des groupuscules se sont alliés dans la prise de décision avec des éléments intéressés". Dans une déclaration rendue publique, l'ONM a tiré à boulets rouges sur la mafia politico-financière et l'oligarchie en considérant que "ces éléments se sont imposés comme une force entrepreneuriale fantôme et ont raflé d'une manière illégitime des sommes d'argent colossales sous le couvert de l'encouragement des investisseurs nationaux. Cela s'est passé dans un contexte marqué par une absence totale de contrôle rigoureux ou de suivi sous le regard de certaines parties responsables au niveau des institutions de l'Etat". En s'attaquant de la sorte implicitement à certaines parties du Forum de chefs d'entreprise (FCE) et de hauts responsables de l'Etat, l'ONM a dénoncé la mafia qui s'est emparée des richesses nationales en un temps record. "Ces pratiques irresponsables ont créé toutes les conditions à la mafia qui a tissé une complicité et une relation d'intérêt avec des parties responsables dans la pyramide de l'Etat pour accaparer des richesses astronomiques en un temps record", lit-on dans le document. Estimant que la mafia politico-financière s'était emparée de tous les pouvoirs, l'ONM a affirmé que l'oligarchie s'est incrustée dans tous les centres de décisions et avait également "accaparé des grands projets d'investissement allant jusqu'à s'incruster dans l'orientation des choix politiques". En clair, cette mafia s'est incrustée et s'est imposée y compris dans les choix politiques qui peuvent aller jusque dans le choix des hommes aux postes de responsabilité. Et certainement dans les décisions économiques. Mettant le doigt sur la plaie, l'ONM a estimé que "ce changement dans le cours des choses a constitué un indice dangereux qui a poussé les populations à bout de leur patience avant de sortir dans la rue pour exprimer leurs aspirations et acter les objectifs tracés dans la déclaration du 1er Novembre 1954". Tout en qualifiant la colère du peuple de "révolte" et non de "mouvement", l'ONM a salué le caractère pacifique des marches marquées par un rare civisme et a appelé les manifestants à observer la plus grande vigilance. En ce sens, cette organisation a déploré les attaques qu'opèrent "les milieux occultes sur les réseaux sociaux pour mettre en péril la sécurité du peuple et sa stabilité. Il appartient aux enfants de ce peuple de débusquer les auteurs de ce complot et de leur barrer la route". Concernant la récente polémique sur le sort à réserver au Front de libération nationale, d'abord, et ensuite, au parti Front de libération nationale, l'ONM a affirmé qu'"elle n'était pas obligée d'expliquer la teneur des propos de certains milieux", d'une part, et que "le parti FLN a été exploité et vidé de ses militants intègres et a ouvert les portes à ceux qui s'agrippent et aux opportunistes", d'autre part. L'ONM conclura en dénonçant les pressions et les exclusions que subissent les militants intègres et fidèles du parti du FLN et considère que "la place qui sied à ce parti sur la scène politique découlera de la volonté populaire et non des décisions qui émanent d'en haut, dictées par les intérêts et les circonstances". FARID BELGACEM