Comme nouveau modèle d'organisation de l'Etat devant permettre à l'Algérie d'en finir avec le centralisme hérité de la colonisation, le Dr Mouloud Lounaouci plaide pour la mise sur pied d'une nouvelle organisation de l'Etat qui s'appuiera sur "les régions naturelles". "Seul un Etat unitaire régionalisé" peut permettre d'aboutir à une meilleure gestion des attributs de l'Etat, a-t-il plaidé. Ce projet que défend Mouloud Lounaouci depuis plusieurs années se base, explique-t-il, sur la nécessité de mettre fin au système jacobin calqué sur le modèle français, qui montre de plus en plus ses limites. Expliquant le choix de l'Etat unitaire régionalisé, hier à son passage au Forum de Liberté, M. Lounaouci a estimé que l'Etat fédéral est la conséquence, soit d'une fusion, soit d'une scission. Il en veut pour exemples les USA qui ont adopté le fédéralisme à la suite d'une scission, ou encore l'Espagne, la Suisse, la Belgique ou l'Allemagne qui ont adopté ce modèle après une fusion. "L'Algérie n'est ni le produit d'une fusion ni celui d'une scission", a-t-il dit, considérant que ce modèle "rendra hommage à tous" et prendra en charge tous les aspects de la vie constitutionnelle. Concernant l'Etat unitaire centralisé, le Dr Lounaouci l'a assimilé à une pieuvre dont "la tête et l'estomac se trouvent dans la même partie du corps", ajoutant que cette pieuvre a ses tentacules dans chaque région du pays et leur mission est de nourrir l'estomac et de défendre la tête. "C'est un Etat omnipotent et omniprésent", a-t-il encore souligné. À propos de la décentralisation au sein d'un Etat fortement centralisé, il a estimé que ce n'est qu'un "leurre". Il a également expliqué que dans ce projet d'Etat unitaire régionalisé, l'apport des régions naturelles et non administratives, qui se définiront en fonction d'une délimitation, soit géographique, soit linguistique ou culturelle, se fera au prorata des populations locales. Ce même projet a été explicité, pour rappel, par le Dr Lounaouci dans plusieurs écrits et lors de plusieurs interventions publiques. Pour "un gouvernement de mission" Face au mouvement de rue que le Dr Mouloud Lounaouci refuse de qualifier de "révolution", mais plutôt de "révoltes", l'unique issue que l'invité de Liberté propose est la mise sur pied d'une Assemblée constituante. Comme beaucoup d'autres propositions, le Dr Lounaouci estime que cette Constituante sera l'émanation de la base qui déléguera, à l'issue de débats, "une élite" qui sera portée comme "Constituante". Ce processus constituant, qui prendra forme à partir de la base sera appuyé, préconise-t-il, par un gouvernement de mission. Il a expliqué que les membres de ce gouvernement auront à gérer les affaires courantes et seront appelés "à ne prendre part à aucune compétition électorale" durant les cinq années qui suivront leur désignation dans cet Exécutif. "Il doit y avoir du sacrifice", a-t-il dit, considérant que la Constituante "aura à rédiger une nouvelle Constitution". "Tout le monde doit être représenté dans l'Assemblée constituante", a-t-il plaidé pour éviter ce qu'il a appelé "le diktat de la majorité". Concernant la composante de cette Assemblée, le Dr Lounaouci considère que vu l'image que renvoient les manifestations, "on est à plus de 70% de progressistes". Il explique cet état de fait par la forte présence des jeunes. Mais n'omet pas d'autres sensibilités de la société, lesquelles, estime-t-il, ne devraient pas être ignorées.