L'Union européenne a décidé hier de suspendre temporairement le déploiement de ses moyens navals de sauvetage des migrants au large de la Libye, qui avait été entamé en 2015 dans le cadre de la mission militaire Sophia, a annoncé un responsable européen. "À ce stade aucune solution n'a été trouvée sur la question du débarquement des migrants secourus", a déclaré ce responsable sous couvert de l'anonymat, alors que l'Italie exigeait de changer les règles imposant un débarquement dans ses ports. Un accord a été conclu entre les 28 pays de l'UE pour prolonger de six mois la mission anti-passeurs Sophia, jusqu'en septembre 2019, mais sans cette composante navale qui en constituait un aspect essentiel. "L'opération Sophia est une opération navale. C'est clair que sans les moyens maritimes, elle ne sera plus à même d'appliquer efficacement son mandat", a reconnu le responsable européen. La prolongation de la mission porte sur deux autres aspects: les patrouilles aériennes pour repérer les embarcations de migrants et la formation des garde-côtes libyens à la lutte contre le trafic d'êtres humains. L'accord, a encore précisé le même responsable, doit faire l'objet, probablement d'ici la fin de la journée, d'une adoption formelle par le Conseil de l'UE (instance représentant les Etats membres). Sous commandement italien, le quartier général de la mission est basé à Rome et la marine italienne est très impliquée dans les opérations menées au large de la Libye, pays d'où partent les embarcations chargées notamment de demandeurs d'asile. Mais la coalition antisystème qui est au pouvoir à Rome depuis 2018 exigeait de changer les règles qui imposent le débarquement des naufragés recueillis par les navires de Sophia dans des ports italiens. Sophia revendique d'avoir permis le sauvetage de dizaines de milliers de vies humaines en Méditerranée centrale depuis quatre ans.